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Riga
Vu par… Sylvain Tesson

II l’avait connue l’année précédente. Le journal parisien qui l’employait l’avait envoye à Riga pour assister à un défilé de mode. Olga venait d’ouvrir sa maison de couture et présentait ses collections : des manteaux de feutre kirghiz, ornés de motifs Art nouveau, brochés de bijoux de style scythe. Après la présentation, il lui avait dit combien il aimait son inspiration steppique. Elle lui avait dit qu’elle vénérait la légèreté des nomades, la cruauté des bijoux scythes, la modernité des passementeries kazakhes. II lui avait dit: « C’est Gengis Khan revu par Mucha », et cela l’avait fait rire. Ils étaient allés prendre un cafe puis elle l’avait emmené dans le quartier Jugendstil et lui avait montré les facades lascives, les immeubles semblables a des plantes. La sève semblait pulser dans les nervures de pierre.
(…) Le lendemain il était rentré àParis en se souvenant d’une nuit violente, d’une peau un peu froide et d’un corps Jugendstil.
Ils s’étaient envoye des lettres. On n’adresse pas des e-mails à des filles pareilles. II avait acheté de l’encre turquoise pour l’occasion, c’était la couleur de la facade d’une maison construite par Eisenstein père, la préférée d’Olga.
Elle vivait avec ses parents et ses frères et soeurs dans un vieux quartier du port. À Riga, « vieux quartier » est une expression relative, lui avait-elle écrit. « La ville a vécu toutes les guerres et subi ce génie des Russes pour saccager les bonnes choses. » Le centre-ville était resté somptueux, une bonbonnière agglutinant tous les styles architecturaux et traversée d’avenues lumineuses. Mais, près du port, le genre architectural « soviétique enthousiaste » prédominait : des enfilades d’immeubles gris. La famille habitait dans l’un de ces appartements standardisés, identiques de Vilnius à Vladivostok. Au temps de Brejnev, ils incarnaient le comble du bonheur domestique, la réussite sociale.

Le Père-Noël
Sylvain Tesson – 2014
Riga en mai 2009

Jurmala

Un peu de soleil à Riga… Hop toute le monde part au bord de la mer à Jurmala… Il faut dire que pas loin de 30 km de plage ont de quoi susciter l’envie… Par contre attention ! La Baltique était à 6°C le 8 mai ! Au moins, ils ont du poisson frais par là !

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Le quartier Art Nouveau

Un petit peu à l’écart de la vieille ville, il suffit juste de passer devant l’hideux monument à la liberté et traverser le canal, se trouve un quartier de la ville dite « neuve » où les immeubles Art Nouveau se succèdent.

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La vieille ville

Ce n’est pas très grand Riga. 720 000 habitants pour un pays qui en compte à peine trois fois plus. Elle mérite par contre bien son classement au patrimoine mondial de l’humanité.

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La vieille ville, le soir

Après les baleines au Québec, après la sardine qui bouche le port de Marseille, la morue au Portugal, on s’est dit qu’il était maintenant le moment d’aller voir letton !

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Voyager chez soi

Dans les oreilles

Dans ma bibliothèque

LesChiensdeRiga
Les Chiens de Riga
Henning Mankell

Je ne mets pas souvent en avant de polars, ce n’est pas un genre qui me passionne particulièrement mais les romans d’Henning Mankell – et son personnage, Kurt Wallander, flic dépressif venu du froid – sont un peu plus que de simple romans policiers. Et puis avouez, ça tombe bien qu’il situe l’une de ses enquêtes à Riga !

Février 1991. Un canot pneumatique s’échoue sur une plage de Scanie. Il contient les corps de deux criminels lettons d’origine russe liés à la mafia. Un policier de Riga est appelé en renfort à Ystad.
Dès son retour en Lettonie, l’étrange major Liepa pour lequel l’inspecteur Wallander s’est pris d’amitié est assassiné. Wallander part alors pour Riga.
Là, privé de tous repères, il se trouve plongé dans un pays en plein bouleversement, où la démocratie n’est encore qu’un rêve, un monde glacé fait de surveillance policière, de menaces non voilées, de mensonges…

Et comme il fallait bien un peu de « littérature » pour contre-balancer : Le Coup de Grâce de Marguerite Yourcenar ! Dans ce texte publié en 1939 elle renouvelle le thème du triangle amoureux : 1919, sur les bords de la Baltique, dévastés par la guerre et la révolution, Eric, Conrad et Sophie, jouent au jeu dangereux de l’amour. Attirance, rejet, faux-semblants, conflits, mensonges et érotisme les pousseront aux confins de la folie.

Sur les écrans

Le Cuirassé Potemkin
Sergeï Eisenstein

OK j’ai un peu triché : le film ne se déroule pas à Riga ni même sur la Baltique et n’est letton que par son réalisateur, Sergueï Eisenstein, né à Riga en 1898. L’histoire se déroule en Ukraine. En 1905, les marins du cuirassé Potemkine se révoltent dans le port d’OdessaIls s’insurgent contre leurs conditions de vie et refusent de manger la viande avariée qu’on leur sert. Cette mutinerie fait boule de neige: toute la ville s’insurge derrière eux, entraînant une violente répression des autorités.

Attention : chef-d’oeuvre ! C’est sur c’est pas un James Bond… C’est en noir et blanc, c’est un film muet, c’est daté (1925 ! forcément), y a pas de vedette… Bref faut quand même s’accrocher un peu. Mais ça vaut vraiment le coup ! Assimilé à de la propagande bolchévique, mais aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs films de tous les temps, le film fut interdit dans de nombreux pays occidentaux et en France jusqu’en 1953.

A ne pas manquer : la célèbre scène des escaliers d’Odessa reprise, en hommage ou en clin d’oeil, par de nombreux réalisateur dont Woody Allen (Bananas), Terry Gilliams (Brazil), Brian de Palma (Les Incorruptibles) voir même Les Nuls dans La Cité de la Peur !

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