Je revois les grands sombreros et les mantilles
Andalousie
Vu par… Théophile Gauthier

Nous approchions de Séville. En effet, la Giralda ne tarda pas à montrer à l’horizon d’abord sa lanterne à jour, ensuite sa tour carrée ; quelques heures après, nous passions sous la porte de Carmona, dont l’arc encadrait un fond de lumière poudroyante où se croisaient dans des flots de vapeur dorée, des galères, des ânes, des mules et des chariots à bœuf, les uns allant, les autres venant. – Un superbe aqueduc d’une physionomie romaine élevait à gauche de la route ses arcades de pierre ; de l’autre côté s’alignaient des maisons de plus en plus rapprochées : nous étions à Séville.

Il existe sur Séville un proverbe espagnol très souvent cité :
« Quien no ha visto a Sevilla
No ha visto a maravilla. »

Nous avouons en toute humilité que ce proverbe nous paraîtrait plus juste, appliqué à Tolède, à Grenade, qu’à Séville, où nous ne trouvons rien de particulièrement merveilleux, si ce n’est la cathédrale.

Séville est située sur le bord du Guadalquivir, dans une large plaine, et c’est de là que lui vient son nom d’Hispalis, qui veut dire terre plate en carthaginois, s’il faut en croire Arias 1iontano et Samuel Bochart. C’est une ville vaste, diffuse, toute moderne, gaie, riante, animée, et qui doit en effet sembler charmante à des Espagnols. On ne saurait trouver un contraste plus parfait avec Cordoue. – Cordoue est une ville morte, un ossuaire de maisons, une catacombe à ciel ouvert sur qui l’abandon tamise sa poussière blanchâtre ; les rares habitans qui se montrent au détour des ruelles ont l’air d’apparitions qui se sont trompées d’heure. Séville au contraire a toute la pétulance et le bourdonnement de la vie ; une folle rumeur plane sur elle à tout instant du jour ; à peine prend-elle le temps de faire sa sieste. Hier l’occupe peu, demain encore moins ; elle est toute au présent ; le souvenir et l’espérance sont le bonheur des peuples malheureux, et Séville est heureuse : elle jouit, tandis que sa sœur Cordoue, dans le silence et la solitude, semble rêver gravement d’Abderrhaman, du grand capitaine et de toutes ses splendeurs évanouies, phares brillans dans la nuit du passé, et dont elle n’a plus que la cendre.

Andalousie. Cordoue, Séville.
Théophile Gautier – 1842
Promenades Andalouses

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Contes de l'Alhambra - Washington Irving
Contes de l’Alhambra
Washington Irving

Certains livres vieillissent, d’autres conservent leur fraîcheur intacte à travers le temps. C’est le cas des « Contes de l’Alhambra », écrits par Washington Irving, diplomate, historien et voyageur américain, qui vécut quelque temps dans l’Alhambra même. L’oeuvre, éditée pour la première fois en 1832, fut aussitôt traduite en plusieurs langues et attira à Grenade des pélerins de toutes les latitudes. Nous y découvrons une perspective, une couleur et une ambiance romantiques, ainsi que de Subtiles impressions prises sur le vif pleines de nuances, d’esprit et d’émotion. Nous y trouvons d’une part les légendes et les traditions locales qui gardent leur charme d’hier, et d’autre part le tableau Sobrement réaliste de l’Alhambra du siècle dernier si vivant, si réel: hommes et femmes du peuple, Soldats invalides, mendiants. Et peut-être ces pages sont-elles les plus riches de suggestion.

Elle est bien cette quatrième de couverture, ça donne envie, non ?

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Pedro Almodovar

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