Venise
Vu par… Tiziano Scarpa

Venise est un poisson.

Regarde-la sur une carte géographique. Elle ressemble à une sole colossale allongée sur le fond. Comment se fait-il que cet animal prodigieux ait remonté l’Adriatique et soit venu se terrer précisément ici ? Il pouvait se balader encore, faire escale un peu partout selon son humeur, migrer, voyager, s’amuser comme bon lui semble : une fin de semaine en Dalmatie, après-demain à Istanbul, l’été prochain à Chypre. S’il s’est ancré dans ces parages, il doit bien y avoir une raison. Les saumons s’épuisent à contre-courant, escaladent les cascades pour aller faire l’amour en montagne. Les baleines, les sirenes et les figures de proue vont mourir dans la mer Sargasses. (…)

Sur la carte géographique, le pont qui la réunit à la terre ferme ressemble à une canne pêche : on dirait que Venise à mordu à ’hameçon. Elle est étroitement liée par des rails d’acier et des bouts d’asphalte, mais cela est arrivé après, il n’y a qu’une centaine d’années. Nous avons craint que Venise, un jour, puisse changer d’avis et repartir. Nous l’avons attachée à la lagune pour qu’il ne lui vienne pas en tête de prendre le large à nouveau et de s’en aller loin, cette fois pour toujours. Aux autres, nous disons que nous l’avons fait pour la protéger, parce que après toutes ces années de mouillage, elle n’est plus habituée à nager : on la capturerait tout de suite, elle finirait sûrement à bord d’une baleinière japonaise, on l’exposerait dans un aquarium à Disneyland. La vérité c’est que nous ne puvons plus nous passer d’elle. Nous sommes jaloux. Egalement sadiques et violents s’il s’agit de retenir quelqu’un qu’on aime. Nous avons fait pire que de la lier à la terre ferme : nous l’avons littéralement cloué sur le fond.

Venise est un poisson
Tiziano Scarpa – 2002
Promenades vénitiennes

Touristes à Venise

Si le nom de Venise est prononcé autour de vous, il y a de fortes chances pour que le premier mot qui se forme dans votre esprit soit gondole. (L’inverse est également vrai, sauf si vous êtes en train de participer à un blind-test musical, le premier mot qui vous viendra à l’évocation des gondoles risque fort d’être Sheila…).

lire la suite

Venise : un rêve

Papa n’avait jamais montré un quelconque enthousiasme pour la Sérénissime : la peur d’un romantisme trop criard, une phobie latente pour les gondoles, les masques de carnaval, les pigeons ?… Nous ne le saurons jamais. Maman avait donc mis Venise au fond de sa poche avec son mouchoir par-dessus. J’avais décidé pour ses soixante-quinze printemps de réaliser ce rêve.

lire la suite

Matinée de rab (Bonus Easy Jet)

Que faire de cette matinée qui n’était pas prévue au programme ? La chaleur est encore plus forte qu’hier, d’après la météo et la dame de la réception du Sofitel. Avec le taux d’humidité, les affaires lavées la veille au soir à la hâte n’ont pas complètement séché pendant la nuit… Qu’importe, nous les finissons au sèche cheveux !

lire la suite

Castello & vaporetto

La chaleur va crescendo, comme Charles Aznavour qui chante après demain à la Fenice ! Pour cette dernière journée la météo annonce 32°C ressenti 40°C ! Heureusement que nous avons pris des shorts !

lire la suite

Saint-Marc et ses environs

Nous décidons de consacrer cette première vraie journée de visite à l’incontournable Sestiere San Marco, avec son palais des Doges, sa basilique, sa place, ses pigeons et… ses touristes !

lire la suite

Autour du Rialto

Une fois n’est pas coutume nous partons en milieu de journée. Malheureusement nous attendons pour embarquer puis, de nouveau dans l’avion… Il manque un membre de l’équipage : 1 heure de retard. Le commandant nous apprend que la jeune femme qui entre dans l’avion s’appelle Magalie et vient remplacer sa collègue absente, nous pouvons décoller. A nous Venise !

lire la suite

Voyager chez soi

Dans les oreilles

Dans ma bibliothèque

la-reine-albemarle
La Reine Albemarle ou le dernier touriste
Jean-Paul Sartre

Selon votre humeur vous pouvez lire un classique :

– La Mort à Venise de Thomas Mann où Gustav Aschenbach, romancier célèbre et taciturne, voit sa vie bouleversée par la beauté du jeune Tadzio, dans une Venise rongée par le choléra. Personnellement je m’y suis profondément ennuyé mais peut-être l’ai-je lu trop jeune…

– Le Marchand de Venise, une comédie pas si drôle de Shakespeare, écrite en 1600 taxée aujourd’hui d’antisémitisme tant le personnage du juif est caricatural…

Venises, Paul Morand : un incontournable pour les amoureux de la Sérénnissime comme l’était Morand.

Ou bien un inédit de Sartre : La Reine Albemarle ou le Dernier Touriste. Dans ces pages qui parlent de l’Italie – dans celles sur Venise surtout, mélancoliques ou lancinantes -, Sartre, mieux que dans un journal intime, exprime son rapport à la beauté, au temps, à la mort et, finalement, la saveur de son existence ; on y perçoit en filigrane les sources subjectives de sa recherche philosophique. Sartre voulait avec ce projet, qu’il abandonna, écrire un guide de l’Italie, de son Italie où il aimait tant passer l’été. Il reste aujourd’hui un fragment d’un peu plus de 200 pages  écrites en 1951 et publiées pour la première fois en 1991.
Le Guide Bleu de l’Italie version Sartre : un must !

Sur les écrans

Anna Oz
Eric Rochant

Anna Oz a une vie de rêve. Dans son sommeil, elle habite Venise avec Marcello, un mystérieux voleur de tableaux, mais le jour elle est Anna, une jeune Parisienne hantée par des rêves de plus en plus inquiétants et oppressants. Alors qu’elle comprend que son « double » vénitien cherche à l’éliminer, la police parisienne l’interroge comme seul témoin d’une affaire de meurtre auquel elle croit avoir assisté en rêve. Perdue entre les deux dimensions de sa vie qui toutes deux lui échappent, elle tente de se suicider. Plongée dans le coma à Paris, Anna entame une nouvelle vie à Venise.

Quand Eric Rochant, réalisateur césarisé pour Un Monde Sans Pitié, se mêle de science-fiction ça donne Anna Oz… Un film étrange, onirique, où l’on sait jamais où est la frontière entre rêve et réalité; l’ambiance rappelle celle de certains film de Polanski (comme Le Locataire). Et si Rochant fini par nous perdre dans les brumes de son rêve il n’en reste pas moins l’interprétation de Charlotte Gainsbourg et de magnifiques images de Venise.

Copyright 2020 – Tous droits réservés dansloeildubarbu.com