Tu les entends les cigales ?
Provence, Gard, Vaucluse
Vu par… Frédéric Mistral

« Il y a… qui sait combien de temps… la rivière de Gardon, qui est une des plus traîtres et rapides qu’il y ait, ne se passait qu’à gué.

Les riverains décidèrent un jour d’y bâtir un pont. Mais le maître-maçon qui s’était chargé de l’entreprise n’en pouvait point venir à bout. Aussitôt qu’il avait posé ses arcades sur le fleuve venait une gardonnade, et patatras !… Le pont était par terre. Un soir, sur tous les autres, que morne et tout seul, il regardait de la rive son travail effondré par la rage du Gardon, il cria désespéré :

– Cela fait trois fois que je recommence, maudite soit ma vie ! Il y aurait de quoi se donner au diable !…

Et aussitôt, pan ! le diable en sa présence parut…

– Si tu veux, lui dit Satan, moi je te bâtirai ton pont, et je te réponds que, tant que le monde sera monde, jamais Gardon ne l’emportera…

– Je veux bien, dit le maçon. Et combien me feras-tu payer ?

– Oh ! peu de chose : le premier qui passera sur le pont sera pour moi.

– Soit, dit l’homme.

Et le diable aussitôt, à griffes et à cornes, arracha à la montagne des blocs de roche prodigieux et bâtit un colosse de pont comme on n’en avait jamais vu.

Cependant le maçon était allé chez sa femme pour lui conter le pacte qu’il avait fait avec Satanas.

– Le pont, dit-il, sera fini demain à la prime aube. Mais ce n’est pas tout, il faut qu’un pauvre malheureux se damne pour les autres… qui voudra être celui-là ?

– Eh ! badaud, lui vint sa femme, tout à l’heure une chienne a chassé un levraut tout vivant. Prends ce levraut et, demain à point d’aube, lâche-le sur le pont.

– Tu as raison, répliqua l’homme.

Et il prend le levraut, retourne à l’endroit où le diable venait de bâtir son œuvre, et, comme l’angélus oscillait pour sonner, il lance la bête sur le pont. Le diable qui était à l’affût à l’autre bout, reçoit vivement le lièvre dans son sac… Mais en voyant que c’était un lièvre, il le saisit avec fureur et l’ emplâtra contre le pont ; et, comme l’angélus sonnait à ce moment, le mauvais esprit, en jetant mille imprécations, s’engloutit au fond du gouffre ».

Le lièvre depuis, se voit encore contre le pont.

Et voilà pourquoi l’on dit que les femmes ont trompé le diable.

Almanach Provençal
Frédéric Mistral – 1876
Promenades provençales

Gordes / Roussillon

Il y a des noms de lieux qui font rêver. On ne saurait pas toujours les situer sur une carte mais ce sont des noms qu’on a toujours entendus. Qui créent un imaginaire (parfois complètement faux d’ailleurs). Zanzibar, Pondichéry, Djakarta, Tombouctou, Valparaiso…

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L’Isle-sur-la-Sorgue

La piscine chez les copains aux Angles c’est vraiment chouette, surtout quand il fait plus de 30 degrés… et c’est souvent le cas dans la région l’été ! Mais quand, avec Jean-Claude, une envie de découverte nous prend, rien ne nous arrête !

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Palais des Papes, Avignon

1992, j’ai vingt ans. J’ai obtenu un an auparavant mon bac A3 théâtre – un bac littéraire avec option Art Dramatique qui n’existe plus depuis longtemps. Depuis trois ans je vis théâtre, je pense théâtre, je lis toutes les pièces qui me tombent sous la main, des plus classiques au plus contemporaines

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Mont Ventoux

Alors que je viens de rejoindre Jean-Claude chez Laurent et Stephane aux Angles pour le long week-end du 15 août, nous nous éclipsons le temps d’une journée pour découvrir le Mont Ventoux, royaume du cyclisme si l’en est !

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Arles

Pour la deuxième année consécutive, nous nous rendons aux Rencontres Internationales de la Photographie.

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Uzès et le Pont du Gard

Une visite à notre copain Pierre dans sa belle ville d’Uzès, avec visite au Pont du Gard, avant de rejoindre Suze la Rousse, en Drôme Provençale à l’invitation d’Alex

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Voyager chez soi

Dans les oreilles

Dans ma bibliothèque

Lettres-d-Uzes
Lettres d’Uzès
Jean Racine

J’ai longuement hésité sur le livre que je pouvais vous proposer ici : il y avait bien sur les textes « provencaux » mais ma rubrique n’englobe pas toute la Provence, Mistral ? Pagnol ? Les Lettres de mon Moulin d’Alphonse Daudet ? on les a tous étudiées en sixième… Pierre Magnan et sa Maison Assassinée ? Je ne l’ai pas lu et en faisant des recherche je me suis rendu compte que l’action ne se déroulait pas vraiment dans le quartier. Il y avait bien la solution des écrivains cévenols, Jean-Pierre Chabrol en tête avec Les Fous de Dieu par exemple, ou Voyage avec un âne dans les Cévennes de Robert Louis Stevenson… mais je ne les ai pas lus non plus et là aussi nous sommes un poil hors-sujet. Il y avait bien Les Pierres Sauvages de Fernand Pouillon que j’ai lu il y a peu et qui, sous la forme du journal du moine et maitre d’oeuvre, raconte la construction, au XIIème siècle, de l’abbaye du Thoronet mais celle-ci est elle aussi située bien loin du Gard…
Quitte à vous parler d’un livre que je n’ai pas lu autant en choisir un situé au bon endroit ! Et je suis tombé sur ces Lettres d’Uzès écrites par Jean Racine en 1661 : avant de devenir auteur dramatique le jeune Racine est envoyé par sa famille à Uzès afin qu’il embrasse une carrière d’ecclésiastique – il échouera et le théâtre lui en sera bien reconnaissant. Il écrit de là à ses proches (dont La Fontaine) leur racontant son voyage, décrivant la région et son « exotisme ». Les extraits que j’ai pu en lire sont truculents…

Sur les écrans

L’été Meurtrier
Jean Becker

Éliane, sensuelle et aguicheuse, emménage dans un petit village de Provence avec Gabriel, son père adoptif paralytique et sa mère Eva Braun. La jeune femme fait alors la rencontre d’un pompier volontaire du village, surnommé Pin Pon, dont elle finit par tomber amoureuse.

Bon c’est un « classique », vous l’avez probablement déjà vu, mais est-ce que vous vous souveniez que l’action se déroule aux environs de Carpentras ? On y voit assez bien la campagne de la région, on y sent la chaleur et entend les cigales… Très fidèle adaptation du roman de Sébastien Japrisot avec un casting de choix : Souchon, Cluzet, Suzanne Flon… Et Isabelle Adjani en fille sauvage et vengeresse, rôle qu’elle refusa dans un premier temps et qui lui vaudra finalement un César en 1983, personnellement je ne m’en lasse pas…

Dans un autre genre Gazon Maudit, la comédie truculente et intelligente sur l’homosexualité féminine signée Josiane Balasko, se déroule aussi dans la région !

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