Prague
Vu par… Chateaubriand

Je ne sais pourquoi je m’étais figuré que Prague était niché dans un trou de montagnes qui portaient leur ombre noire sur un tapon de maisons chaudronnées : Prague est une cité riante où pyramident vingt−cinq à trente tours et clochers élégants ; son architecture rappelle une ville de la Renaissance. La longue domination des empereurs sur les pays cisalpins a rempli l’Allemagne d’artistes de ces pays ; les villages autrichiens sont des villages de la Lombardie, de la Toscane, ou de la terre ferme de Venise : on se croirait chez un paysan italien, si, dans les fermes à grandes chambres nues, un poêle ne remplaçait le soleil.

La vue dont on jouit des fenêtres du château est agréable : d’un côté on aperçoit les vergers d’un frais vallon, à pente verte, enclos des murs dentelés de la ville, qui descendent jusqu’à la Moldau, à peu près comme les murs de Rome descendent du Vatican au Tibre ; de l’autre côté, on découvre la ville traversée par la rivière, laquelle rivière s’embellit d’une île plantée en amont, et embrasse une île en aval, en quittant le faubourg du Nord. La Moldau se jette dans l’Elbe. Un bateau qui m’aurait pris au pont de Prague m’aurait pu débarquer au pont Royal à Paris. Je ne suis pas l’ouvrage des siècles et des rois ; je n’ai ni le poids ni la durée de l’obélisque que le Nil envoie maintenant à la Seine, pour remorquer ma galère, la ceinture de la Vestale du Tibre suffirait.

Le pont de la Moldau, bâti en bois en 795 par Mnata fut, à diverses époques, refait en pierre. Tandis que je mesurais ce pont, Charles X cheminait sur le trottoir ; il portait sous le bras un parapluie, son fils l’accompagnait comme un cirerone de louage. J’avais dit dans le Conservateur qu’on se mettrait à la fenêtre pour voir passer la monarchie : je la voyais passer sur le pont de Prague.

Mémoires d’Outre-Tombe
François-René de Chateaubriand – 1849
Anapurna en juillet 1953

Au long de la Vtlava

Ce séjour aura décidément été placé sous le signe du soleil ! Les températures baissent un peu plus chaque jour mais le soleil, lui reste au beau fixe. Je tiens à montrer à Jean-Claude un autre édifice qui m’avait enchanté lors de ma première visite : la Gare Centrale.

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Josefov et la vieille ville

Est-ce parce qu’un beau et franc soleil m’accompagne cette fois-ci, ou peut-être les façades ont-elles été ravalées depuis ma dernière venue mais j’ai l’impression de découvrir leurs couleurs pour la première fois.

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Hradčany

Jean-Claude rêvait de revoir cette ville qu’il à connue peu de temps avant sa libération de l’emprise communiste en 1989, alors pourquoi ne pas marcher une fois de plus dans mes propres pas

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L’Art déco à Prague

De très belles maisons et monuments Art Déco sont dispersés dans Prague.
La gare : surprenante bâtisse, malheureusement très mal entretenue.
Et tout le quartier de Vinohrady, dans la ville nouvelle.

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Le château de Prague

Deux jours à Prague en cette fin d’automne 2006. A part Berlin, c’est notre première escapade dans les ex pays de l’est. Depuis 1991, bien des choses ont changé. Ils ont rejoint l’Union Européenne…

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Voyager chez soi

Dans les oreilles

Dans ma bibliothèque

La Vie est Ailleurs - Kundera
La Vie est Ailleurs
Milan Kundera

Z’avez pas lu Kafka (comme le chantait Suzanne Gabriello) ? Écrivain praguois s’il en est, son univers glauque toujours imité jamais égalé, sombre, sournois, tordu, flippant, où les héros et le lecteur semblent pris dans un dessin de M. C. Escher. La Métamorphose, Le Procès, Le Château autant de chefs-d’oeuvre à l’ambiance grisâtre et collante… Etaient-ce les rues de Prague – pourtant si colorées – qui lui inspiraient ce monde bureaucratique et cauchemardesque ?

Un autre auteur tchèque, émigré en France dans les années 1970, développera un monde bien à lui, plus empreint de poésie et de politique : Milan Kundera. J’ai beaucoup lu Kundera à une époque, dévorant coup sur coup L’Insoutenable Légèreté de l’Être, Le Livre du Rire et de l’Oubli, La Plaisanterie, Les Testaments Trahis… mais le livre qui me reste le plus en mémoire est La Vie est Ailleurs.
« Jaromil est poète et, à ce titre, ne souffre aucune atteinte au sérieux et à la dignité. Il est « le poète » ainsi désigné dès son plus jeune âge, et presque dès avant sa naissance, par sa mère. Il est Rimbaud. A vrai dire, sa vocation de poète n’a rien de spontané, fabriquée dès l’enfance par cette mère abusive et amère qui voit là l’instrument de sa revanche contre le monde. Et c’est en plein stalinisme que cette vocation trouvera à « s’épanouir ».  »

Un texte magnifique sur l’adolescence, l’acceptation de soi, qui interroge l’homme et son rapport à l’art et à la politique. Une merveille !

Sur les écrans

L’Aveu
Costa-Gavras

Oui bien sur moi aussi j’y ai tout de suite pensé : Prague + film = Mission Impossible… mais… non ! Et comme c’est moi qui decide je vais vous présenter trois films très différents mais passionnants.

– Kafka de Steven Soderbergh (1991). Comme son titre l’indique il s’agit de la vie de l’écrivain, mais loin d’être un bête biopic le film y mêle l’ambiance bureaucratique et poisseuse des romans de ce cher Frantz. Un film étrange sur un étrange personnage avec l’étrange Jeremy Irons dans le rôle-titre.

– L’Insoutenable Légèreté de l’Être de Philip Kaufman (1988), joliment adapté du roman éponyme de Kundera. Chose étonnante : alors que les amours tumultueuses de Tomas (Daniel Day-Lewis) se déroulent à Prague pendant le fameux printemps tout à été tourné… en France.

– L’Aveu de Costa-Gavras (1978) : attention chef-d’oeuvre ! A Prague, en 1951, un homme est persécuté par le système malgré son passé irréprochable. Sa femme le désavoue en public et il finit par avouer n’importe quoi avant d’être réhabilité, alors que les chars russes entrent dans la ville. Un vrai film politique sur le totalitarisme et ses méthodes. Glaçant et fascinant !

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