En arrivant à Honfleur Je trouve que le bateau pour Le Havre est parti depuis deux heures ; l’hôtesse m’annonce d’un air compatissant qu’il reviendra peut-être dans la soirée. Bonne finesse normande que j’ai 1e plaisir de deviner. En me donnant ce fol espoir, l’hôtesse veut m’empêcher reprendre un petit bateau qui en deux heures me conduirait facilement à Harfleur, dont je vois d’ici fumer les manufactures. Je trouverais là vingt voitures pour Le Havre. Mais j’aime les charmants coteaux couverts d’arbres qui bordent l’océan au couchant de Honfleur : je vais y passer la journée. C’est là ou dans la forêt qui borde la Seine au midi, en remontant vers Rouen, que, dans dix ans d’ici, lorsque les chemins de fer seront organisés, les gens riches de Paris auront leurs maisons de campagne. Tôt ou tard ces messieurs entendront dire que la rive gauche de la Seine est bordée de vastes et nobles forêts. Quoi de plus simple que d’acheter deux arpents, ou vingt arpents ou deux cents arpents de bois sur le coteau qui borne la Seine au midi, et d’y bâtir un ermitage ou un château! On jouit de six lieues de forêt en tous sens et de l’air de la mer. Là, les hommes occupés trouveront une solitude et une campagne véritable à dix heure de Paris, car le bateau à vapeur de Rouen au Havre ne met que cinq heures et demi à faire le trajet.
Voilà quelques jours que l’on nous prévoit du beau temps, du très beau temps, pour le week-end, autant en profiter pour se faire une petite escapade. Mais nous n’avons rien organisé… lorsque je me réveille samedi matin Jean-Claude s’est déjà rencardé sur les hôtels, nous consultons les horaires de trains, pas le temps de tergiverser : en route !
Un coffret cadeau Gault et Millaut à Noël (merci tonton et tata) est l’occasion de nous faire une petite virée sur la côte Normande et le Cotentin.
Le temps n’est vraiment pas au beau fixe en cette fin du mois de mars et c’est bien couvert et priant Ste Gertrude – patronne des voyageurs – que nous prenons la route pour le Cotentin…
Voyager chez soi
Dans les oreilles
Dans ma bibliothèque
Entre les auteurs nés dans la région et ceux qui s’y sont installés, on a le choix : Corneille, Guy de Maupassant, Gustave Flaubert, Bernardin de Saint-Pierre, Alphonse Allais, Alain, Maurice Leblanc, Armand Salacrou, André Maurois, Pascal Quignard, André Gide, Françoise Sagan, Marcel Proust, Marguerite Duras et j’en passe !
Je vous propose deux livres à lire en Normandie : La Nausée de Jean-Paul Sartre et Les Années d’Annie Ernaux.
Premier roman de Sartre La Nausée est le roman-manifeste de l’existentialisme, l’action se déroule au Havre – renommée Bouville (boue-ville ?) dans le texte – où Sartre a enseigné la philosophie entre 1931 et 1936, ceci expliquant cela (à vous de mettre le ceci et cela comme vous le souhaitez). Autant je suis un inconditionnel de Simone de Beauvoir autant la littérature de Sartre ne me touche que peu. Sauf ici. J’ai adoré ce livre, il y a bien longtemps je vous l’accorde… Mais tout de même je pense qu’il fait partie des textes qu’il faut avoir lus. C’est dit !
Annie Ernaux quand à elle à passé sa jeunesse à Yvetot. Avec Les Années elle signe un autobiographie « impersonnelle »; à travers ses photos et ses souvenirs elle raconte non pas sa vie mais celle de la France d’après-guerre à aujourd’hui. Un beau livre sur la mémoire individuelle et collective…
Sur les écrans
On ne compte plus les films tournés en Normandie : de Quai des Brumes à La Famille Bélier, en passant par Il Faut sauver le Soldat Ryan et Madame Bovary; il n’y a pas à dire les villes et la campagne Normande attirent les réalisateurs.
Mais je ne pouvais pas faire autrement que choisir pour cette rubrique l’un de mes films préféré : Les Parapluies de Cherbourg ! La fable est simple : Geneviève vit seule avec sa mère qui tient une boutique de parapluies; Guy travaille dans un garage. Ils sont jeunes, ils s’aiment. Mais Guy doit partir pour deux ans faire la guerre en Algérie. Peu après son départ Geneviève apprend qu’elle est enceinte. La mère de celle-ci met alors tout en oeuvre pour trouver un mari à sa fille bientôt mère… Jacques Demy réalise avec son complice Michel Legrand le premier film entièrement chanté ! Une petite merveille cinématographique et musicale récompensée de la Palme d’Or à Cannes en 1959…
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