Maintenant elles étaient là.
Non plus en éveil, en méfiance, et rassemblées sous l’influence de la crainte par troupes, hardes, files et bandes, selon la race, la tribu, la famille, mais confondues et mêlées au sein d’une sécurité ineffable dans la trêve de l’eau, en paix avec la brousse, elles-mêmes et l’aurore.
A la distance où je me trouvais, il n’était pas possible de distinguer l’inflexion des mouvements ou l’harmonie des couleurs, mais cette distance ne m’empêchait pas de voir que les bêtes se comptaient par centaines et centaines, que toutes les espèces voisinaient, et que cet instant de leur vie ne connaissait pas la peur ou la hâte.
Gazelles, antilopes, girafes, gnous, zèbres, rhinocéros, buffles, éléphants – les animaux s’arrêtaient ou se déplaçaient au pas du loisir, au gré de la soif, au goût du hasard.