27 juillet 2021
Mycènes / Épidaure

Lorsqu’on séjourne à Nauplie on peut très bien profiter de ses ruelles animées, de ses terrasses, de ses boutiques et passer quelques jours bien agréables. Mais il serait dommage de ne pas sortir de la ville pour visiter deux des sites archéologiques majeurs de Grèce qui se trouvent être à quelques kilomètres de là ! L’un à l’ouest de la ville, Mycènes, l’autre à l’est, Épidaure. 

Mycènes se niche au sommet d’une colline dans un décor magnifique de terres agricoles dévalant jusqu’à la mer que nous découvrons en fin de journée, à l’heure où le soleil commence à décroître. Une canicule ne va pas tarder à s’abattre sur le Péloponnèse, il est déjà absolument impensable de faire quoi que ce soit de son corps avant la fin de l’après-midi. 

Le paysage, la lumière, les ruines, la quiétude me placent hors du temps. Les trois visiteurs qui nous talonnent ne font rien pour arranger les choses. Elle, robe longue légère mais droite, blanche, chignon bas et capeline ; lui, costume en lin blanc et panama assorti ; le pré-adolescent qui les accompagne porte la chaussette haute, des culottes courtes et une coupe au bol. Ces gens, vraisemblablement, vivent dans les années 30 peut-être même avant ! Aurions-nous comme dans Bandit Bandit traversé, sans nous en rendre compte, une porte spatio-temporelle qui nous aurait conduits au palais du chef des Achéens ?

Outre la fameuse Porte des lionnes, les Mycéniens nous ont légué des éléments d’architecture que je n’avais encore jamais vus : des murs bâtis de moellons tellement gros qu’aucun homme ne peut raisonnablement les avoir amenés là, des enceintes circulaires dont les murs de gypse semblent avoir été taillés au laser, des tombeaux à la manière de stupas enterrés… 

Lafarge aurait-il déjà passé contrat avec Agamemnon ? 

Si je n’ai que quelques souvenirs diffus d’avoir étudié Mycènes à l’école, Épidaure reste pour moi, tel qu’on me l’a inculqué, la référence en matière d’architecture théâtrale grecque, à savoir : les gradins adossés au relief du terrain choisi pour son acoustique (à l’inverse du théâtre romain qui lui se dispense d’appuis naturels pour ses gradins, leur préférant de hauts murs – Il me reste encore quelques notions apprises au lycée… merci M. Steinmetz). Ce que l’on ne sait guère en revanche c’est la présence d’un gigantesque sanctuaire dédié à Asclepios – dieu guérisseur – aux abords du fameux hémicycle. En d’autres termes : les pierres entre lesquelles nous déambulons sont les restes d’une ville-hôpital. Nous sommes censés y voir un temple.

Mis à part les gradins d’un terrain de course, ces ruines font triste mine. Une campagne de restauration a débuté il y a quelques années bardant les pierres de câbles, poutrelles métalliques, cimentant les colonnes étêtées… La visite en est un peu gâchée. Il faut une double dose d’imagination pour faire revivre ce haut lieu de la médecine antique à partir de ce que nous voyons tout en faisant abstraction de ce qui ne devrait pas être là : mission impossible ! Le boucher de Knossos semble avoir encore frappé… mais l’imagination ne manque pas à tout le monde, un jeune père et son fils d’environ cinq ans courent entre les débris du classicisme grec : 

  • Et là c’était quoi, la chambre ? 
  • Pas du tout ! C’est la pièce où on enfermait les enfants pas sages ! 
  • Aaaaaaaaaaaaah

Côté théâtre les choses sont plus aisées, l’état de conservation en est quasiment intact mais… c’est sans compter sur le Festival d’Épidaure et ses inévitables décors (on joue Iphigénie de Sophocle dans deux jours), installations de sonorisation, d’éclairage… Là encore il faut tenter de faire abstraction pour jouir du panorama. 

En bas, au centre du proscénium, certains s’essayent à la chanson ou à la déclamation afin de vérifier si l’acoustique est à la hauteur de sa réputation. Comme toujours mon immense timidité, mêlée à un sentiment d’illégitimité m’en empêche. Le lieu n’est pas assez vide pour que je franchisse le pas…

À Mycènes en revanche le touriste se faisant plutôt rare – il n’était pas légion non plus à Épidaure – je n’ai pas hésité à pousser la chansonnette dans le tombeau de Clytemnestre. L’acoustique y était magique. Je crois que je vais le mettre dans mon CV…

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