Il nous aura fallut une heure et demi pour rallier Heraklion au départ de Santorin. Quatre-vingt-dix minutes de clim’ a fond sans pouvoir sortir sur les ponts puisque c’est malheureusement la règle sur les speedboat ! À l’arrivée nous trouvons Elena, sa petite pancarte à notre nom, et une Fiat panda avec 95 000 km au compteur ! Faudra bien faire avec… Ceci expliquant peut-être cela, si Google Map nous annonce un trajet de 2h30 nous mettrons en fait une heure le plus. Il faut dire que la « titine » supporte mal les côtes autrement qu’en première… et la Crète n’est pas la Beauce !
Notre hôtel, le Spilia Village, se situe à l’ouest de l’île, dans la région de Kissamos, au cœur d’un tout petit bled (Spilia) a quelques kilomètres de la mer. Lorsque que nous arrivons à plus de 22h le restaurant de l’hôtel est bien sûr fermé mais le réceptionniste qui parle un français impeccable nous en indique un encore susceptible de servir à quelques minutes à pied. Sur une belle place, de grandes tablées sous les arbres; on vient là en famille, tout le monde semble se connaître, des enfants galopent un peu partout; nous sommes les seuls touristes. Nous nous empressons de commander, le petit sandwich avalé sur le bateau est déjà bien loin et la cuisine menace de fermer ses portes. Une entrée et un plat chacun. Mais qui dit restaurant familial dit cuisine familiale ! Nous voyons arriver des assiettes suffisamment garnies pour être partagées à quatre. C’est absolument délicieux mais beaucoup trop copieux, et pour une addition microscopique : si les restaurants crétois sont tous comme celui-ci il va peut-être falloir revoir notre façon de concevoir nos repas…
À notre réveil nous découvrons l’hôtel : d’anciens bâtiments du 18ème ou 19eme siècle très bien restaurés, auxquels on a ajouté une piscine. Des bougainvilliers à foison, du jasmin. Un beau chat roux tourne entre les tables, sous la tonnelle où nous prenons le petit déjeuner. Une nichée d’hirondelles s’est établie sur une applique « sortie de secours » dans le couloir qui mène à notre chambre. C’est calme et assez joli, mais hors de question de passer la journée au bord de la piscine ! Nous avons repéré tout au nord de la pointe la plus à l’ouest de l’île le Lagon de Balos ! Le nom est intriguant et les photos plus qu’alléchantes. En route !
D’abord rejoindre la côte; traversée de Kissamos qui ne semble pas être bien passionnante. Arrivés à l’entrée de la péninsule, une guérite où nous nous acquittons de nos 2 euros (1 par personne) de contribution pour la sauvegarde du parc naturel. A partir de là : 20 minutes de piste. Trous, bosses, cailloux, poussière, ça cahote, ça brinquebale; Jean-Claude tient absolument à doubler certains véhicules qui peinent à avancer. J’ai un peu peur pour la voiture mais en même temps elle est déjà tellement pourrie… Le paysage est très beau, la terre rouge, recouverte d’une garrigue sèche; des ruches un peu partout, des biquettes cherchent de quoi se nourrir entre les rochers, et la mer, d’un bleu sombre. Nous avançons jusqu’à ce que l’on nous fasse signe de nous garer, le long de la route. Le reste du parcours se fait à pied. Un parking, des ânes, des chevaux, encore des chèvres, un kiosque où l’on vend sandwichs et boissons… mais pas de lagon en vue. Un sentier serpente dans la montagne. Bientôt la vue sur l’îlot de (?) et le fameux lagon. Les couleurs se mélangent. C’est à couper le souffle ! Il faut pourtant que nous en gardions un peu pour atteindre la plage en contre bas. Balos se mérite ! Une bonne vingtaine de minutes plus tard nos serviettes sont étendues sur le sable, nous barbotons dans l’eau turquoise. Chose tout à fait inattendue : nous ne sommes vraiment pas tassés. Il pourrait y avoir beaucoup plus d’estivants, le trajet en freine probablement plus d’un. Et pour cause : après avoir bien profités de ce paysage enchanteur et de cette eau chaude il nous faut remonter ! La chaleur dépasse allègrement les 30 degrés. Nous achetons des bouteilles d’eau en prévision de ce qui s’annonce. Et nous avons bien fait ! Avant d’emprunter le sentier de montagne, il faut commencer la grimpette par du sable… autant vous dire qu’en arrivant au premier « palier » je n’ai déjà plus de jambes. Ajoutez à cela d’autres marcheurs qu’il faut doubler en passant par la garrigue ou au contraire laisser passer… bref, pour faire court je suis bien content d’arriver à la voiture !
Sur le chemin du retour nous faisons halte à Kissamos histoire de voir à quoi ça ressemble et faire quelques courses. Par curiosité nous entrons dans une poissonnerie. Chez nous, celles-ci exposent du poissons frais sur des étals couverts de glace, souvent a même le trottoir où au moins toutes portes ouvertes. Ici, grosses chaleurs obligent, les portes sont bien fermées, l’intérieur climatisé et tous animaux marins pris dans la glace. Étonnant.
Et si on prenait un verre ? c’est l’heure de l’apéro ! Il y a bien un port mais aucun troquet en bord de mer. Une grande place, des tavernes sous d’immenses pins araucaria… nous restons là un moment au son des cigales. Pour le dîner ça sera Kolimbari, la station balnéaire la plus proche de Spilia. Il y a cette fois des restaurants en bord de mer – au moins cinq ! – ainsi que quelques bars « lounge ». Promenade, hésitation. Un poulpe sèche suspendu à un fil comme un tutu organique et futuriste. Nous arrêtons notre choix sur le En Elladi, tout au bout du quai, décor sobre et élégant, a priori moins bruyant que les autres tavernes. Notre serveuse – qui semble être aussi la patronne – est bien aimable bien qu’un peu étrange. Elle plisse les yeux de manière mystérieuse lorsqu’elle nous parle, nous la surnommons immédiatement la sorcière… allez savoir pourquoi notre sorcière semble persuadée que nous ne sommes pas touriste mais que nous sommes venus nous établir à Spilia pour y vivre… bizarre bizarre.