22 décembre 2021
Touristes à Venise

Si le nom de Venise est prononcé autour de vous, il y a de fortes chances pour que le premier mot qui se forme dans votre esprit soit gondole. (L’inverse est également vrai, sauf si vous êtes en train de participer à un blind-test musical, le premier mot qui vous viendra à l’évocation des gondoles risque fort d’être Sheila…). Ensuite viendront la place Saint-Marc, ses pigeons, son campanile, sa basilique, le pont des Soupirs et celui du Rialto qui enjambe le Grand Canal. Voilà à quoi se résume Venise… En bons touristes nous nous sommes appliqués à nous rendre dans chacun de ces lieux. Et histoire d’être débarrassés nous avons commencé par ça !

Si j’avais bien le souvenir dix ans plus tôt d’avoir arpenté la ville de ruelles en placettes, de m’être rendu place Saint-Marc, d’être monté en haut du campanile, d’avoir visité le palais des Doges (dont certaines salles que je trouve aujourd’hui fermées au public), la basilique Saint-Marc quant à elle n’avait laissé aucune empreinte en moi. L’extérieur meringué, si, bien sûr, mais l’intérieur… rien. Pas la moindre tesselle de mosaïque dorée. Et pourtant ! Mais l’or ne fait pas tout… peut-être auprès des fidèles du XVIe siècle, mais chez moi ça ne déclenche pas grand chose. Mon impression deux lustres après ma première visite est sans doute la même qu’à l’époque – d’où mon amnésie : je trouve cette basilique sombre, lourde, étriquée. Dieu, lui-même, qui ne m’a d’ailleurs jamais été présenté, est pourtant témoin que j’affectionne tout particulièrement les lieux sacrés : églises, couvent, cloîtres et consorts… Mais j’ai bien peur de ne pas avoir à attendre dix ans pour oublier que je l’ai visitée deux fois. 

À l’inverse, je n’avais pu traverser, ni même voir le pont des Soupirs. Ce petit pont couvert, aux allures de carrosse, qui enjambe le Rio de la Canonica, était alors emballé d’une magnifique bâche pour travaux de réfection. Si je peux cette fois soupirer d’aise de le traverser, je découvre qu’il relie le tribunal aux cachots, les râles n’étaient pas, comme je l’imaginais, ceux de courtisanes laissant déborder un trop plein de désir mais bien ceux des condamnés en partance pour l’isolement ! Ah ! Un joli nom évocateur, de beaux ornements et voilà de quoi dissimuler la noirceur ! 

Le Ponte di Rialto, lui, a la silhouette d’un albatros, ailes déployées reposant sur chaque rive.
Côté sud le recul est suffisant pour faire abstraction des boutiques, il redevient alors un bel escalier de pierre blanche d’Istrie. Dès que l’on gravit les marches, les lumières criardes des échoppes logées à même le pont vous aveuglent. On y vend masques, sacs en cuir, bijoux en verre de Murano, écharpes en dentelles de Burano, gondoles ondulantes aux rayons du soleil, bidules et machins indispensables à toute valise de touriste qui se respecte… Une ribambelle de symboles vénitiens qui, comme tout souvenir monnayable, ne m’évoquent aucunement l’atmosphère du lieu.
Sur la rive nord, face au marché, un bâtiment m’avait marqué : la poste centrale de Venise ! J’y avais, à l’époque, déposé quelques cartes postales et m’étais émerveillé de voir mon courrier quitter les lieux en bateau… La bâtisse est toujours là ! Elle abrite aujourd’hui un grand magasin luxueux coiffé d’un roof top dont ne peuvent jouir que ceux qui ont réservé longtemps à l’avance. Passerais-je pour un vieux ringard si j’affirme que l’ancien relais de poste avait plus de charme ? J’assume.

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