Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
13 novembre 2020
Vue de ma fenêtre

Voilà vingt ans que j’habite le 20e arrondissement de Paris. Un bel ensemble d’immeubles en brique au porche en mosaïque classé, trois pièces, cinquante-cinq mètres carrés, entre Gambetta et Ménilmontant, un logement des plus bath, avec une vue à couper le souffle. Et sans l’avoir vraiment choisi… Je suis parti tard de chez mes parents. Il faut dire aussi que dans leur dernière maison, à Villemomble, ils m’avaient fait une chambre plus grande que n’importe quel studio d’étudiant : la moitié de la longueur de la baraque, avec ma propre salle de bain, et pour doubler la surface : une mezzanine. La mezzanine m’aurait suffi, c’était mon perchoir, mon antre, ma cabane, mon salon de lecture autant que mon ciné-club. La souspente et les poutres qui la portaient m’évoquaient ma chambre d’enfant à Vincennes, ancien grenier aménagé. C’est d’ailleurs sans doute là, dans cette chambre-grenier, à travers le velux au-dessus de mon bureau de collégien, que j’ai appris à aimer regarder le ciel. J’ai continué à le faire de ma mezzanine et aujourd’hui encore par la fenêtre de mon salon. De cette dernière j’ai la chance de voir, non seulement beaucoup, beaucoup, de ciel mais aussi tout Paris ! La ville s’étend à mes pieds de Montparnasse au Sacré-Cœur : la Tour Eiffel, les Invalides, Notre-Dame, le Panthéon, La Défense, Beaubourg, le mont Valérien, l’opéra Garnier… il n’y a que la colonne de Juillet (place de la Bastille) et celles du Trône (place de la Nation) qui ne pointent pas dans mon panorama… Je m’en passe. 

Si ce paysage urbain peut paraître immuable, en fait il change continuellement : temps clair ou horizon bouché, la lumière, les nuages, la brume, la neige, la pluie, la pollution aussi le font vivre au fil des heures de la journée. Mais on ne va pas se le cacher c’est au coucher du soleil que le paysage prend toute sa dimension. Suivant les saisons je peux voir l’astre se coucher, tantôt aux côtés de la tour Montparnasse (en hiver), tantôt au delà de Montmartre (en été).

Si me pencher à ma fenêtre a toujours été source d’émerveillement esthétique, cette année je lui ai également découvert des vertus thérapeutiques… j’écris ces lignes au quinzième jour de notre deuxième confinement de l’année dû à ce satané virus au nom de bière mexicaine et même si j’ai depuis longtemps l’habitude de travailler chez moi, seul, la privation de liberté (je ne parle pas du port du masque !) est quelque chose de réellement nouveau, et d’un peu perturbant. Si certains ont le malheur d’avoir à supporter cette situation dans vingt mètres carrés avec vue sur cour, d’autres au contraire ont la chance d’habiter une maison individuelle cernée d’un jardinet. De mon côté le ciel et ses couleurs changeantes s’encadre dans ma fenêtre, et m’offre d’oublier quelques instants que je suis cloîtré chez moi. Les rares avions dessinant des obliques de condensation m’invitent à des voyages que je ne ferai pas, me laissant imaginer d’autres paysages plus naturels et encore plus vastes que celui qui s’étale devant moi. 

J’ai emménagé là, un peu par hasard je vous l’ai dit, mais aujourd’hui rien ni personne ne me feraient quitter mon septième étage et son incroyable vue ! « Quand est-ce que tu déménages, que je récupère ton appart ? » est probablement la question que j’ai le plus entendue… La réponse est toujours la même : jamais !

Carnet d’adresses

Cliquez sur la carte pour en savoir plus