20 juillet 2022
Najac

Je suis toujours surpris de visiter un lieu, une ville, un village, pour la seconde fois, comme l’assassin, dit-on, revient sur les lieux de son crime. N’allez pas imaginer que depuis toutes ces années se dissimule en moi la personnalité trouble et complexe d’un tueur en série ; je n’ai jamais assassiné qui que ce soit (excepté quelques diptères dont la nourriture première se trouve être le sang humain). Non, s’il arrive parfois que j’arpente les mêmes rues à quelques années d’écart, c’est bien souvent le fruit du hasard et rien dans mon esprit ne me prépare à cette seconde rencontre. En effet lorsque je me rends quelque part pour la première fois c’est également comme si c’était la dernière. Le monde est vaste, ses beautés innombrables, une vie d’homme bien courte pour les découvrir toutes… Pourquoi, quand il y a tant à voir, traîner ses semelles sur les mêmes pavés ? 

  • C’est pas grave on reviendra… 

disent certains s’ils n’ont pu pénétrer dans telle chapelle, visiter tel château, flâner au long de telle rivière, gravir tel piton rocheux ou déguster le fameux mojito qu’on leur avait conseillé dans telle guinguette de plage. 

  • Tant pis, je verrai d’autres choses, demain, plus loin…

est plutôt la phrase qui se forme dans mon esprit dans ces cas-là. Nul regret, je suis déjà bien heureux d’avoir pu voir ce que j’ai vu ! 

  • Il y a marché gourmand ce soir à Najac, nous annonce Stéphane, notre hôte à Privezac. 

Dix ans plus tôt j’avais passé avec Jean-Jacques et Françoise une semaine à Saint-Graat, minuscule village au cœur du Rouergue à quelques encablures de Caylus, ce qui nous avait permis de rayonner d’Albi à Moissac, de Montauban à ConquesNajac, Plus Beau Village de France, s’était logiquement glissé dans notre programme de visites. 

Pour une raison que j’ai oubliée depuis (manque de temps ? fatigue ?), notre inspection s’était alors arrêtée à la place du Faubourg. Je la retrouve ce soir-là avec ses façades à colombages, ses arcades de bois, envahie d’éventaires, de camelots, de stands, et d’une foule compacte de badauds venus se restaurer ou simplement se divertir. Un peu partout des tables, des bancs, des fourneaux, des grills, des tireuses à bière. Au milieu de toute cette foire trois minettes – pas toujours justes – reprennent des standards festifs de la variété française. 

À son extrémité sud, la place devient rue bordée d’échoppes, descendant quasiment en ligne droite au fond d’un vallon avant de grimper, plus sinueuse cette fois, à l’assaut d’une forteresse du XIIIe siècle. Je prends le temps, cette fois, de découvrir ce Najac inconnu, ses jolies maisons aux toits de lauzes, ses jardins étagés, ses bâtisses classées. 

Au regard de l’heure un peu tardive le château et l’église Saint-Jean sont fermés au public… Tant pis, ça sera l’occasion de revenir. 

Carnet d’adresses

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