Le Québec s’impose dans ma vie à neuf ans ; mon père part s’y produire et en revient la valise pleine de disques vinyles que je fais tourner sur ma platine pendant plusieurs décennies. Quatorze ans plus tard marchant dans ses pas j’entre dans Montréal avec la sensation de connaître cette ville depuis toujours.
Je ne rêve alors que d’y retourner, Jean-Jacques à mes côtés.
Nos amis les Chons, grands voyageurs devant l’Éternel, nous précèdent et nous racontent Bonnaventure, la Roche Percée, les fous de Bassan… Je veux voir ça ! Mais aussi Val Jalbert au bord du Lac Saint-Jean, le Saguenay, les baleines… Tout ce que je n’ai pas vu avec Valé lors de ma première venue. Nous organisons un road-trip gigantesque de trois semaines : Montréal, Sacacomie, Alma, La Baie, Tadoussac, Matane, Carleton, Percé, Saint-Anne des Monts, Rivière du Loup, Québec, Montréal.
Je découvre un Québec moins urbain, où l’entraide est une religion. La route sans fin, bercé par la musique country (en français), les villes « à l’américaine » où les maisons s’égrènent au long d’une unique rue. En Gaspésie nous traversons des régions dépeuplées de toute âme, couvertes de conifères…
– Oh regarde ! Là, vite !
– Quoi ? Où ça ?
– Un arbre !
– T’es con !
Le Québec nous offre mille visages, des paysages grandioses, la quiétude de ses grands espaces, des accents cent fois différents, des fou-rires en cascades et, toujours, la chaleur de son accueil malgré notre étiquette de « maudits Français » qui quelques siècles auparavant n’ont pas voulu se battre pour sauvegarder « quelques arpents de terre gelée ».
Jean-Jacques tombe lui aussi en amour en traversant, pour la première fois, l’océan qui nous sépare de nos cousins à l’accent truculent. C’est une première mais ça ne sera pas la dernière.
Je prends cette photo de Jean-Jacques aux Grosses Roches sur la côte nord de la Gaspésie.