15 juillet 2021
Les villages perchés d’Arcadie

Nous avons laissé la fournaise d’Athènes et la bonne humeur d’Hélène, pour nous réfugier en montagne, à Vytina. Ce premier arrêt dans le Péloponnèse va nous permettre de visiter les villages perchés d’Arcadie. 

Nous décidons de commencer par le plus lointain et quittons de bonne heure notre hôtel pour profiter de la relative fraîcheur pour faire le chemin : environ 80 km de route de montagne, magnifique, ondulante, beaucoup mieux entretenue que ce que nous imaginions, bordée de platanes, d’acacias, d’eucalyptus et de lauriers. La traversée desdits villages se fait parfois difficilement tant la route s’y rétrécit ; un chargement de grumes ou de foin doit être évité, doublé, parfois, comme on le peut. 

Il nous faut une heure et demie pour joindre Andritsaina, tout petit village, au charme typique, doté d’une jolie place ombragée par un platane antédiluvien ; de son énorme tronc s’échappe une « fontaine ». Le guide bleu-vert (compagnons de toujours) nous vante de vieilles boutiques aux façades de bois : quelques antiques devantures peintes subsistent mais malheureusement plus les commerces. Aux côtés de vieux Grecs aux cheveux blancs et grosses moustaches, taillant une bavette en égrenant leur komboloï. Nous nous rafraîchissons d’un café frappé (une première pour Jean-Claude). 

Nous découvrons là une autre Grèce, bien éloignée du bleu profond de la mer et des maisons blanches des Cyclades qui forment l’imaginaire grec de la plupart des voyageurs. Ici les murs sont de pierre grise, les toits de tuiles rouge-orangé, seul subsiste le bleu, du ciel cette fois. Et la chaleur. 

Le second village, Karitsaina, s’accroche véritablement aux flancs de la montagne. Les hautes maisons de pierres grises ressemblent à de petits immeubles. Les toits frôlent parfois la route, et nous nous questionnons : l’entrée se fait-elle par le haut ou par le bas ? Au sommet de l’éperon rocheux les ruines d’un château médiéval, mais il fait déjà trop chaud pour tenter l’ascension. Les ruelles débouchent pour certaines sur de jolies vues sur la plaine en contrebas et les montagnes les encadrant. Je pense à Eus, à Castelnou dans les Pyrénées Orientales. 

Nous nous posons pour déjeuner sur une terrasse ombragée où Nicky, en nous servant une énorme salade grecque accompagnée de pita, nous confie dans un anglais impeccable son désir de se rentre à Paris pour visiter la ville et ses musées. Elle nous fait promettre de l’attendre avec une pancarte « Welcome to Paris Nicky » avant de laisser éclater un rire d’ogresse. 

En reprenant la route, face à une station service, nous croisons un champ  où paissent des daims et… des autruches ! 

Nous faisons l’impasse sur Semnitsa, écrasée de chaleur et déserte à l’heure de la sieste. Le bourg situé à plus de mille mètres d’altitude aura été capitale de la Grèce quelques semaines pendant la guerre d’indépendance en 1824 (à vérifier), et connut une petite heure de gloire en tant que station de ski mais ne semble pas avoir beaucoup d’attraits hormis le bâtiment de la mairie… Quant aux pistes de ski, on se demande bien où elles peuvent être. Nous la traversons sans nous arrêter et filons vers Dimitsana. 

Ici comme là, les murs sont gris, les toits de tuiles rouge-orangé et tout le monde sieste au frais, chez soi ou sur le perron de son commerce. Tout semble déserté. Lassés d’arpenter des ruelles vides sous une chaleur accablante, nous nous rallions à l’attitude générale pour nous allonger quelque temps au bord de la piscine de l’hôtel. 

C’est finalement à Vytina, entre les sapins sombres, que nous retrouvons de l’activité, le soir venu. Légèrement en retrait de la route principale, cet ultime village offre aux voyageurs une immense place, et l’ombre de grandes feuilles de catalpas épanouis. Nous sirotons de l’ouzo, blaguons – en français – avec le patron du bar qui nous accueille, déjà des images plein la tête, des souvenirs à chérir, et la promesse de nouveaux paysages… Le voyage ne fait que commencer. 

Carnet d’adresses

Cliquez sur la carte pour en savoir plus