de la Chaussée des géants à Cork
Anne Laure voulait voir un château, un vrai, pas du genre quatre morceaux de cailloux empilés. Alors on est allé à Dunluce. Il est vrai que le site est inspirant ; tout droit sorti d’un film de GoT !
La pluie ici est absolue, grandiose, effrayante. Appeler cette pluie du mauvais temps convient aussi mal que d’appeler beau temps le soleil éclatant. On peut appeler cette pluie du mauvais temps, mais elle n’en est pas. Elle est le temps, tout simplement, et le temps ici est mauvais. La pluie se rappelle avec emphase que l’eau est son élément, l’eau qui tombe. Et l’eau est dure. (…)
Combien d’eau se rassemble au-dessus de quatre mille kilomètres d’océan, de l’eau qui se réjouit d’avoir atteint enfin des maisons, enfin des hommes, enfin de la terre ferme, depuis si longtemps qu’elle tombe seulement sur de l’eau, seulement sur elle-même. Est-ce que ça peut amuser la pluie de tomber éternellement sur de l’eau?
Quand la lumière électrique est coupée, quand la première flaque d’eau se faufile sous la porte et serpente, lisse et sans bruit, brillante à la lueur du feu de cheminée, quand le jouet que les enfants ont, bien entendu, oublié, quand des bouchons et des bouts de bois commencent à nouer, poussés en avant par la flaque, quand les enfants effrayés descendent l’escalier et s’accroupissent devant la cheminée (plus étonnés d’ailleurs qu’effrayés. car eux aussi sentent avec quelle joie le vent et la pluie se sont rencontrés et mariés, et que ce tumulte est un joyeux tumulte), on sait alors que l’on n’eût pas été désigné, comme Noé le fut, pour construire l’Arche …
Ouvrir la porte pour voir ce qui se passe au-dehors serait une folie de continentaux. D’ailleurs tout tombe, dehors: les girouettes, les gouttières, et on ne peut même pas se fier à la solidité des murs (car ici l’on bâtit du provisoire que l’on habite une éternité – à moins que l’on s’en aille. Chez nous, on bâtit toujours pour l’éternité, sans savoir si la prochaine génération aura encore besoin d’une telle solidité).
Il est bon d’avoir toujours à la maison des bougies, une Bible et un peu de whisky, comme on en trouve chez les marins habitués aux tempêtes, un jeu de cartes aussi, du tabac, des aiguilles à tricoter et de la laine pour les femmes, car la tempête a du souffle, la pluie a beaucoup d’eau et la nuit est longue. Si alors. partant de la fenêtre, une seconde flaque s’avance et s’unit à la première, si le jouet s’en va flottant, il est bon de chercher dans la Bible si la promesse de ne plus envoyer de déluge a été vraiment donnée. Elle a été donnée : on peu, allumer une autre bougie, une autre cigarette, de nouveau battre les cartes, verser un autre whisky et s’abandonner aux tambours de la pluie, au hurlement du vent, au cliquetis des aiguilles à tricoter. La promesse a été donnée.
Anne Laure voulait voir un château, un vrai, pas du genre quatre morceaux de cailloux empilés. Alors on est allé à Dunluce. Il est vrai que le site est inspirant ; tout droit sorti d’un film de GoT !
C’est la plus longue étape de notre périple : 260km pour rejoindre Derry (pour les Irlandais, Londonderry pour les autres). Le gps nous prévoit à quinze minutes près, quatre heures de route.
Et de Galway, ils sont arrivés dans le comté du Connemara.
Alors, avant toute chose et parce qu’à un moment ou un autre, nous allons devoir y passer… Oui, Michel, nous avons mis la chanson pour accompagner cette partie du voyage.
Cette journée devait être celle qui nous conduirait aux îles d’Aran. Nous avions étudié les trois îles, leurs attraits, les horaires des traversées au départ de Doolin, convaincus Anne-Laure de monter sur un vélo si besoin…
Nous abandonnons la Castel View House, ses seize américains, ses chiens et Michael – qui à la suite d’une poignée de main énergique se précipite pour nous faire à chacun, en bonus, la bise ; les français ayant séjourné ici lui ont probablement expliqué que c’était la coutume chez nous…
Après une nuit passée au Kellsbay House & Garden, notre deuxième journée irlandaise débute par l’immensité de Inch Strand Beach, sur la péninsule de Dingle. Inch Beach est connue pour ses surfeurs et ses 4X4, les uns sur les rouleaux, les autres parcourant les dunes.
C’est une maison bleue, adossée à la colline…, et… c’est une maison jaune adossée à la colline…, et rouge ! Elles nous sont apparues dans le petit matin, telles que nous les avaient décrites Jean-Claude.
Voyager chez soi
Dans les oreilles
Dans ma bibliothèque
L’Irlande à su donner à la littérature internationale un nombre impressionnant d’auteurs, de poètes et de chefs-d’oeuvre au cours des siècles; James Joyce et son Ulysse (trop compliqué pour moi mais reconnu comme incontournable) en tête. Samuel Beckett et son théâtre de l’absurde (En Attendant Godot, Oh Les Beaux Jours), Jonathan Swift y écrivit Les Voyages de Gulliver et l’hilarante Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres en Irlande d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public (1729); Bram Stocker y créa le vampirique amoureux Dracula (1897); Oscar Wilde (Le Portrait de Dorian Gray) y vécut jusqu’à l’âge de 20 ans; Keats, poète « nobelisé » en 1923, est lui aussi irlandais…
Sur les écrans
Force est de constater que j’ai eu du mal à choisir parmi tous les films se déroulant en Irlande…
Philomena, cinquante ans après les faits, recherche son fils qu’elle s’est vue enlevé par les soeurs du couvent où on l’a cachée pour accoucher… Sortez les mouchoirs ! Un pan sordide de l’histoire irlandaise est révélé. Une merveille de plus signée Stephen Frears (2013)
Au Nom du Père de Jim Sheridan (1993). un Daniel Day-Lewis époustouflant pour incarner l’un des Quatre de Guildford, condamnés à tort pour des attentats perpétrés dans des pubs anglais en 1974.
Brooklyn (John Crowley, 2016, d’après le roman éponyme de Colm Toibin) : dans les années 50, les amours contrariées d’une jeune fille émigrée à NY contrainte de retourner dans son village d’Irlande. Dit comme ça ça à l’air ennuyeux au possible et pourtant ! Voilà bien un très joli film sur la modernité et le poids des traditions entre ancien et nouveau monde.
The Commitments (Alan Parker, 1991) : vous pensiez que la musique soul ne pouvait pas entrer des les pubs de Dublin ? Grave erreur ! Préparez vous à chanter et à danser devant votre télé !
Vous en trouverez surement d’autres mais ces quatre là valent le coup je vous l’assure !
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