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Maroc
Vu par… Pierre Loti

Je reviens à Tanger par la place du Grand-Marché, qui est un peu au-dessus de la ville, à l’extérieur des vieux murs crénelés et des vieilles portes ogivales. Il y fait presque nuit. Par terre, sur une étendue d’une centaine de mètres carrés, il y a une couche de choses brunes qui grouillent faiblement : chameaux agenouillés, prêts à s’endormir, pêle-mêle avec des Bédouins et des ballots de marchandises ; caravanes qui sont parties peut-être des confins du désert, par les routes dangereuses et non tracées, pour venir jusqu’ici où finit la vieille Afrique; jusqu’ici, en face de la pointe d’Europe, au seuil de notre civilisation moderne. Des bruits de voix humaines très rauques et des grognements de bêtes s’élèvent de ces masses confuses qui couvrent le sol de la place. Devant un petit feu, qui flambe jaune, au milieu d’un cercle de gens accroupis, un sorcier nègre chante doucement et bat du tambour.  L’air  de la nuit, de  plus en plus frais, promène des exhalaisons fauves. Le ciel s’étoile partout, dans une limpidité profonde. Et voici qu’une grande musette arabe commence à gémir, dominant tous les autres bruits de sa voix aigre et glapissante. Oh ! j’avais oublié ce son-là, qui, depuis pas mal d’années, n’avait plus glacé mes oreilles ! Il me fait frissonner, et j’éprouve alors une très vive, très saisissante impression d’Afrique ; une de ces impressions des jours d’arrivée, comme on  n’en a  déjà plus les lendemains quand la faculté de comparer s’est émoussée au contact des choses nouvelles.

Elle continue, la musette, avec une sorte d’exaltation croissante, son air monotone qui déchire; je m’arrête pour mieux l’entendre; il me semble que ce qu’elle me chante là, c’est l’hymne des temps anciens, l’hymne des passés morts Et  j’ai un instant de  plaisir étrange à songer que je ne suis encore ici qu’au seuil, qu’à l’entrée profanée par tout le monde, de cet empire du Moghreb où je pénétrerai bientôt; que Fez, but de notre voyage, est loin, sous le dévorant soleil, au fond de ce pays immobile et fermé où la vie demeure la même aujourd’hui qu’il y a mille ans.

Au Maroc
Pierre Loti – 1889
Quelques promenades au Maroc

Taroudant

À 8h30 tapante Hassan, longiligne, petit bouc et grand sourire, vêtu « à l’européenne », se présente à l’entrée de l’hôtel Atlantic. Il sera notre guide pour cette seconde journée d’excursion. Trois jours après Essaouira nous partons au sud-est voir Taroudant.

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Essaouira

– Et aussi s’il vous plaît mesdames et messieurs il y a les bananiers.
Mais pourquoi diable Abdul, notre guide pour la journée, commençait-il toutes ses phrases de cette façon ? Que cela nous plaise ou non notre bus longeait effectivement une bananeraie. 

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Agadir

1993 ! Je n’avais pas mis les pieds à Agadir depuis décembre 1993 ! Presque 25 ans… Pour être honnête je n’en garde pas des tonnes de souvenirs si ce n’est celui d’une immense plage où personne n’allait (nous lui préférions la piscine de l’hôtel).

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Voyager chez soi

Dans les oreilles

Dans ma bibliothèque

Choukri_LePainNu
Le Pain Nu
Mohamed Choukri

Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ? Rassurez-vous je ne l’ai pas volé. Je l’ai acheté, neuf. Dans une librairie. Je ne l’ai pas acheté par hasard, je me souviens être allé acheter ce livre , il y a quelques années, d’avoir fait la démarche de chercher ce texte pour en avoir entendu parlé. Qui me l’avait conseillé ? Il me semble que c’était dans un autre livre, mais lequel ? Après tout peu importe… Je l’ai acheté, je l’ai lu, je l’ai adoré. Ce récit autobiographique d’une rare violence, transpire la misère, la crasse et la vérité crue.
« Une famille, dans le Maroc des années 40, quitte le Rif pour Tanger. Afin d’échapper à l’écrasante tutelle du père, auquel ses enfants vouent une haine sans partage, le narrateur s’éloigne bientôt des siens. Il connaît la famine, les nuits à la belle étoile, et rencontre la délinquance, les amitiés nouées dans les bas-fonds de la ville, la sexualité, la prison, la politique. Quinze ans après la parution du Pain nu, la voix de Mohamed Choukri apparaît toujours comme celle d’un écrivain majeur. » A la fois sordide et beau.

Dans un tout autre genre, Edith Wharton publia en 1920 le récit de son Voyage au Maroc trois ans auparavant. Il n’existe alors aucun guide touristique sur le Maroc, l’américaine francophile (lire aussi La France en Automobile, un tour de l’hexagone érudit et champêtre en Penhard et Levassor) entreprend d’en faire un de son expérience.

Sur les écrans

Les Victimes
Patrick Grandperret

Pierre Duval, éditeur, ne sait qu’une chose de Manou (de son vrai prénom Claire), la femme dont il est tombé follement amoureux: elle doit suivre son mari sur un chantier au Maroc. Incapable de se séparer d’elle, il s’arrange pour faire partie du voyage… Qui manipule qui et qui sera finalement la victime dans ce thriller français au casting impeccable ? L’amant (Vincent Lindon), amoureux fou d’une femme qu’il connait à peine, le mari trompé, inquiétant et torturé (Jacques Dutronc toujours à sa place dans ce genre de rôles) ou la femme adultère (merveilleuse Karine Viard comme toujours) ? L’ombre d’Hitchcock plane au dessus de ce film à suspens adapté d’un roman de Boileau-Narcejac et transposé en plein désert marocain.

Ou alors un classique : Casablanca, de Michel Curtiz avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman, oscarisé en 1944. Un film de guerre tourné pendant la guerre mais qui traite du choix cornélien que doit faire le héros entre l’amour et la vertu… Inoubliable.

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