15 juillet 2022
Retour à Saint-Cirq-Lapopie

À mes pieds, des vignes. Au delà se devine la fraîcheur du Lot, ondulant entre les massifs karstiques. Face à moi s’illumine la silhouette de l’église Sainte-Juliette accolée au rocher Lapopie. Dans la moiteur de la nuit tinte la cloche d’un mouton ou d’un bovin, le coassement d’une grenouille mêlé à la respiration métronome d’un arrosage automatique. Un peu à l’écart, dans les arbres, à flanc de colline, des feux roses et bleus palpitent au rythme des premières notes de Bella Ciao bientôt rejointes par les stridulations d’une sirène et les rugissements des tambours d’une sardane technoïde. Il y a fête à Saint-Cirq. Ils sont quatre mille jeunes apaches, nous dit-on, à danser, sous une lune au trois quart gibbeuse, lune qui, s’inscrivant dans le rectangle de la fenêtre, baigne le lit où s’endort déjà Thierry. J’ai retrouvé Saint-Cirq telle que je l’avais laissée, immuable à la façon d’un décor de conte des frères Grimm. Sans doute certains soirs d’hiver entend-on le flûtiau de Hans mener les rats, et bientôt les enfants, à travers les ruelles pavées jusqu’à la rivière pour les y noyer. Rien n’aura altéré la féerie. Ni les éléments ni les guerres n’auront pu mettre à mal ces bâtisses aux toits pentus couverts de tuiles brunes, dont les plus vieux murs ont vraisemblablement connu le règne de Louis VI Le Gros. Sous la houlette de Bertrand de Cardaillac, les hommes ont élevé, ici, au cœur des causses du Quercy, un trésor éternel, magnifié par l’emplacement choisi : une falaise calcaire en surplomb d’un méandre du Lot. 

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