29 juillet 2018
Belcastel et Rodez

Il est encore tôt mais la température monte vite une fois la brume dissipée. Nous arpentons les ruelles serrées de St-Cirq-Lapopie, visitant l’église – sans grand intérêt – découvrant la maison d’André Breton, jusqu’à l’ancienne porte de la ville d’où s’offre à nous la vue sur le village. Les touristes ne sont pas encore là ; la ville est à nous, nous profitons du calme et d’une toute relative fraîcheur. Quelques boutiques « d’art », d’artisanat, un centre d’Art Contemporain, une modiste… pas de librairie ! Y aurait-il un créneau à prendre ? Certaines villes dont la réputation artistique et historique attire les foules (je pense notamment à Vézelay, Conques ou Santorin) proposent aujourd’hui de magnifiques librairies qui m’ont, lors de mon passage, fait forte impression… St-Cirq pourrait, il me semble, elle aussi se targuer de posséder un tel commerce ! Si un mécène se trouve parmi mes lecteurs… Quelques emplettes de conserves de cassoulet, bocaux de miel et autres salaisons, puis la route, à nouveau, direction Millau, toujours bien décidés à n’emprunter que les départementales à caractère touristique (bordées de vert sur les cartes Michelin) et profiter des beaux paysages de France sous le soleil. Ceux-là sont vallonnés, verts et roux de paille séchée, parsemés de ballots, tachetés de vaches, rousses, elles aussi. L’eau vive n’est jamais loin, les frontières entre les départements non plus. le Lot laisse place à l’Aveyron. Les gorges de ce dernier, que nous longeons à partir de Villefranche-de-Rouergue, ne sont pas aussi majestueuses que je l’imaginais. Les bois sombres qui bordent la rivière ne laissent pas apercevoir grand chose… Dans les rares trouées entre les branches elle se dévoile parfois, malheureusement plus souvent à l’image d’un ruisseau qu’à celle d’un torrent. La traversée de Villefranche fait monter en moi une jolie nostalgie de ces vacances passées à St Grat il y a quelques années avec Jean-Jacques et Françoise : de beaux paysages, des rires, des découvertes et l’insouciance précédant la maladie. 

Nous faisons halte à Belcastel pour y déjeuner.  La cité étagée en surplomb de l’Aveyron m’évoque immédiatement celle de Beynac en Dordogne. De belles maisons de pierre grise s’accrochent à la colline, au sommet : un château. Contrairement à St Cirq les bâtisses ont perdu en authenticité. Le programme de restauration initié par Fernand Pouillon en 1975 a probablement sauvé ce village de la ruine mais lui a aussi un peu fait perdre son âme. Mais peut-être ne suis-je pas objectif, encore envoûté par le charme du fief des Lapopie… A l’ombre des peupliers, à l’entrée du village, sur les berges de la rivière, un grand banquet : anniversaire ? mariage ? Peut-on rêver plus charmant endroit pour fêter ? Quand à nous nous prenons place Chez Anna, sous une tonnelle, passé le pont de pierre qui enjambe la rivière. De notre table nous dominons l’Aveyron. Quelques estivants sont venus se poser sur ces berges, en maillot de bain. Je ne comprendrai jamais ceux qui préfèrent s’installer en plein passage alors qu’en marchant à peine quelques minutes on peut être à l’écart de toute agitation… le silence et la solitude les effraient-ils ou peut-être ont-ils peur de se perdre…

C’est à l’entrée de Rodez que nous nous perdons un poil : tout avait pourtant bien commencé, le musée Soulages, que nous voulons visiter, bien indiqué mais l’entrée du parking nous passe sous le nez (dois-je dire que je suis plus habile avec une carte papier qu’avec un GPS ?) et nous voilà en train de redescendre dans la vallée, de quitter la ville alors que nous souhaitons y entrer, de chercher la route qui nous ramènera vers le peintre du noir et de la lumière.

Après quelques circonvolutions nous rejoignons le musée et son immense parking. Le bâtiment, conçu par RCR arquitectes associés et le cabinet d’architectes Passelac & Roques, grands cubes d’acier rouillé posés dans la verdure de l’immense jardin du Foirail à l’écart du centre historique n’est pas sans intérêt, loin de là, et cette architecture sobre me semble parfaite pour abriter un musée d’art contemporain. Ce musée, voulu par Soulages lui-même, pour expliquer son travail et ses méthodes propose finalement peu d’œuvres mais donne à comprendre simplement son parcours et ses recherches picturales depuis les années 1930 jusqu’à aujourd’hui. Peu de toiles, sérigraphies, lithographies ne me touchent vraiment, j’en comprends le sens, l’expérience, l’expérimentation mais d’émotion point. 

Elle est pleinement là au contraire lorsqu’au terme de cette journée de route, au soleil déclinant, nous nous arrêtons sur la D993 pour apercevoir au milieu d’un extraordinaire panorama de causses et de plateaux la silhouette funambule du viaduc de Millau. Puis plus loin les piliers et leurs haubans comme nés de la colline coiffée du village de Luzançon. 

Nous dînons dans Millau, pareille à mon souvenir : un joli centre ville piétonnier où tout est fermé… Nous sommes dimanche et, même en pleine saison estivale, les restaurants ferment leurs portes ce jour-là. Ma dernière visite, sur la route des vacances quatre ou cinq ans auparavant, était-elle également dominicale ou bien cette ville est-elle désertée depuis la construction du pont autoroutier ?… j’essayerai la prochaine fois d’y passer un jour de semaine en plein mois d’avril peut-être y trouverai-je une ville en fête et des rues débordantes de vie. Qui sait ?!

Carnet d’adresses

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