Quinze ans de sont écoulés depuis ma première virée à Marrakech, et un peu plus d’un depuis la dernière. Pas question cette fois d’y retrouver ma douce Marie-Laure – elle a entre temps migrée sur Tanger; Jean-Claude rêve de la Place Djemaa-el-Fna et j’ai décidé de la lui montrer. Nous allons donc jouer les touristes comme je l’avais fait en 2001, mais cette fois et pour la première fois je séjourne dans un Riad de la médina.
Levés à l’aube pour attraper le premier vol, nous arrivons un peu ensommeillés à 10h – heure locale – dans la ville rouge. Le temps est splendide et en attendant notre chauffeur pour le Riad Vert, nous abandonnons pulls et doudounes pour profiter au mieux du soleil d’hiver. La ville est encore calme. Sur la route je cherche des points de repères et Jean-Claude s’émerveille de ce premier contact. Au Riad, Nadia nous accueille avec un thé à la menthe. Le temps se dilate. Dans le patio, sur de gros coussins rouges, nous savourons notre immersion dans le « vivre à la marocaine ». Autour de nous les hauts murs blanchis du riad percés de quelques fenêtres, elles mêmes obstruées par des moucharabiehs, quatre palmiers s’élèvent vers le ciel – a peine stoppés dans leur ascension par le plastique qui ferme le patio à la pluie et au froid des nuits d’hiver; – au sol un magnifique carrelage vert, le pépiement de quelques oiseaux. Nadia, carte a l’appuie, nous indique les principaux attraits de la ville et nous explique comment nous repérer dans la médina : ici l’écurie des ânes pour tourner à gauche, là une femme vendant du pain sous un parasol bleu pour tourner à droite… c’est pas gagné !
– et attention aux « fouguiz » ?
– aux quoi ?
nous faisons répéter Nadia plusieurs fois avant d’entendre ce qu’elle nous dit : « faux guides » ! La médina est truffée de gamin offrant leurs services pour vous ramener à votre Riad mais quelle que soit la somme que vous proposez pour les dédommager une fois rendu à destination, celle-ci n’est jamais suffisante… embrouille et compagnie à l’arrivée. Nous en feront d’ailleurs les frais le soir même.
Tour du propriétaire, terrasse ensoleillée avec jacuzzi et nous prenons possession de nos quartiers : une grande chambre avec lit à baldaquin (mais sans rideaux, faut pas exagérer), une décoration simple et élégante.
Nous n’avons pas vraiment le courage d’affronter tout de suite la médina, ses ruelles, ses « fouguiz », le souk et ses harcèlements, notre première escapade sera pour le Jardin Majorelle (déjà visité pour ma part quelques mois auparavant).
La rue Yves Saint-Laurent, qui borde le jardin est complètement défoncée, un grand panneau indique qu’un architecte new-yorkais et un paysagiste suisse s’occupe de tout ! Nous déjeunons au milieu des gravats.
Visite du jardin, toujours aussi beau, toujours aussi apaisant, toujours aussi bleu, et jaune… Nous passons là un moment, hors du temps.
Je propose ensuite à Jean-Claude de passer par Gueliz et rejoindre la place Djema el-Fna par l’avenue Mohamed V. Nous arpentons de larges avenues où des immeubles entiers semblent abandonnés, les hôtels dévastés… Les grands complexes hôteliers de la palmeraie feraient ils du tort à la ville nouvelle ?
Mon sens de l’orientation n’étant finalement pas trop mauvais, nous arrivons au pied de l’hotel Renaissance, célèbre pour son toit terrasse avec vue sur la ville. Je n’y suis pas retourné depuis 2001 (l’hôtel où nous séjournions alors avec Jean-Jacques était à quelques mètres, je n’ai pas osé revoir la rue…), nous décidons d’y monter pour nous désaltérer. La vue est magnifique et cette pause est la bienvenue.
En repartant vers la Médina, des cireurs de chaussure nous interpellent, nous continuons notre chemin mais… quelques mètres plus tard Jean-Claude manifeste l’envie de redonner à ses Stan Smith leur splendeur d’antan. Aller ! Un petit gars s’échine sur les baskets pendant une bonne vingtaine de minutes, ça frotte, ça brosse, ça peint, ça fait reluire… comme neuve ! Tout ça pour 100dh ! En fait on donne ce que l’on veut mais ça merite bien 10€ !
Sur la Place Djema el-Fna, défigurée par des travaux, je peine à me repérer… des charmeurs de serpents en profitent pour coller une famille de reptiles autour du cou de Jean-Claude. S’en suit des négociations pénibles sur le coût de la photographie que j’ai prise. Nous réussissons à nous en extirper avec une bonne gueulante et délestés de 200dh !
Nous réfugions agacés au Grand Balcon du Café avec l’espoir d’y boire une bière fraîche en regardant la Place s’enfoncer dans la nuit. Raté pour la bière, j’avais oublié… ça sera un thé ! La musique gnawa monte jusqu’à nous, s’y mêle bientôt l’appel du muezzin, la Place s’illumine et de notre perchoir nous savourons la magie du lieu sans en subir les aléas. L’heure tourne et il nous faut maintenant retourner au Riad Vert pour dîner. Le retour sera épique ! D’après notre étude de la carte : fastoche ! C’est tout droit… si l’on prend la bonne rue. Nous marchons pendant ce qui nous semble des kilomètres, longeons l’intérieur des remparts en espérant retomber sur le parking des ânes (notre point de repère), demandons notre chemin à des jeunes filles, elles ne parlent pas un mot de français et notre carte de la médina les déstabilise plus qu’autre chose, nous longeons ensuite l’extérieur des remparts… ça y est je reconnais le coin ! Plus que cent mètres ! Mais je tourne trop tôt ! Trop tard :
– Vous cherchez votre Riad ?
– Oui, le Riad vert
– Suivez-nous !
Les gamins nous conduisent dans la rue suivante, nous avons parcouru une 50 mètres en leur compagnie. Jean-Claude dégaine 20 dirhams, bien suffisant pour le service rendu. Pas assez. 40 ? Pas assez ! Le ton commence à monter. Nous sommes deux, eux quatre. Heureusement la porte du Riad s’ouvre, nous nous réfugions à l’intérieur, plantons là nos arnaqueurs, leurs 40 dirhams, et laissons notre hôte régler le problème.
Nous dînons seuls au Riad d’un merveilleux tagine.
Le Riad Vert
A dix minutes des souks et de la place Jeema El Fna, niché dans la Médina, se cache un havre de paix où le vert des palmiers joue les contrastes avec le blanc de la chaux. Les 7 chambres climatisées sont élégamment décorées avec des meubles traditionnels marocains. Chacune est équipée d’une salle de bain privative et certaines disposent d’un coin salon. Un petit déjeuner fait maison est servi chaque matin et nos hôtes se verront offrir un thé à la menthe de bienvenue à leur arrivée. L’hôtel dispose d’équipements modernes comme le wifi (gratuit) et est gayfriendly. Une table d’hôtes est également disponible.
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