Verone n’est séparé de Desenzano que par une petit trentaine de kilomètres, autant dire que j’y suis très vite. J’ai donné à Monique l’adresse de mon bed&breakfast dans le centre historique. Comme à mon habitude je la suis sans me poser de question jusqu’à ce que je vois des panneaux restrictifs quant à l’accès au centre.
– dans 150 mètres tournez à gauche
– Mais Monique c’est un sens interdit ! c’est malin je suis engagé maintenant… qu’est-ce que je fais ?
– Dans 50 mètres prenez à droite
– Mais non ! C’est une ruelle piétonne !
J’abandonne ses conseils et cherche à me garer. Les places sont chères à Vérone. Je finis par en trouver une sous les remparts : 2 euros de l’heure, deux heures maximum. Je vais pas aller loin avec ça… chaque chose en son temps la valise à l’hôtel pour commencer, pour le parking longue durée on verra plus tard.
Rue de l’amphithéâtre, juste à côté des arènes, je sonne à l’interphone. Pas de réponse. Il est midi. Je vérifie les infos. L’accueil se fait à partir de 12h30… un café au pied de l’immeuble. Une demi-heure plus tard je retire la chevillette et cette fois la bobinette choit : Scala B. Ascenseur avec portillon en bois, secundo piano. Au bout du couloir une petite vieille me fait des signes. Elle est hors d’âge toute petite, toute voûtée.
– Mon mari est sorti. C’est lui qui s’occupe de tout… quand il rentrera, il viendra voir si vous êtes là et vous expliquera tout. J’ai des problèmes de cœur; ça n’a vous ennuie pas si je m’assois ?
Elle m’explique tout de même les clefs, la salle de bain, la cuisine… elle est adorable. J’ai l’impression d’arriver dans un pension de famille comme dans les romans d’Edward Morgan Forster.
– Et si vous avez besoin de quoi que ce soit n’hésitez pas à venir sonner. Nous vivons dans l’appartement en face.
A peine un quart d’heure plus tard le mari vient toquer à ma porte. Lui aussi très souriant me ré-explique tout ! Jusqu’au fonctionnement de la chasse d’eau ! Ils doivent en voir de belles pour se sentir obligé de donner un mode d’emploi des chiottes…
Cette fois il est l’heure de trouver un stationnement plus adéquat. Sans le harcèlement de Monique, je suis les panneaux « parking centro ». En quelques minutes l’affaire est réglée : je peux rester garé aussi longtemps que je veux. En surface une pléiade de cars de touristes.
Spaghetti carbonara au caffé dei Artisti pour me caler et je pars à la découverte de la ville de Roméo et Juliette.
Les arènes sont à quelques pas, sur une immense place bordée d’arcades et de cafés. Il y a beaucoup de touristes, en couple, en groupe, en grappe, en meute mais pas besoin de faire la queue pour visiter l’amphithéâtre : tant mieux !
Dix euros l’entrée tout de même… et aucun aménagement particulier. Le monument est très bien conservé. Il fait un temps splendide mais la pluie des derniers jours s’est infiltrées un peu partout et s’invite dans les coursives sous forme de flaques et de goute a goute suintant du plafond. Je protège mon appareil photo et me faufile jusqu’aux gradins. On est en train de démonter le plancher de bois qui sert de scène pour le festival d’été. les divas et les chanteurs pop ont remplacés les gladiateurs et les chrétiens qu’on jetait en pâture aux lions. L’acoustique doit être très bonne à en juger par la façon dont se répercute le moindre petit coup de maillet jusqu’aux places les plus hautes. Le hic c’est qu’il y a beaucoup plus que quelques petits coups de marteaux et beaucoup de résonance. Je profite un peu de la vue au milieu de ce brouhaha et me sauve direction Piazza delle Erbe. Via Garibaldi, beaucoup de boutiques plus ou moins chics, les mêmes que dans toutes les villes du monde aujourd’hui (ah la mondialisation), des flots de touristes. Après le calme de ces derniers jours au bord du Lac de Garde, le contraste est saisissant. Depuis Milan je n’avais pas entendu parler français; ici ils sont légions. Je zigzague, le nez en l’air, photographiant de belles bâtisses. Le mélange d’architecture se poursuit sur Piazza delle Erbe : campanile, ogives, fresques, murs bruns, murs blancs, façades renaissances, baroques… Venise est déjà là : devant le Palais Maffei le lion ailé trône en haut d’un colonne. Au centre de la place des éventaires présentent essentiellement des chapeaux, casquettes, gapettes et autres couvre-chefs. Vue la chaleur c’est de bon ton ! A l’une des extrémités une structure temporaire, escalier et plateforme, offrent, comme à Time Square mais en beaucoup plus petit, la vue sur la place.
Où sont donc passés les touristes ? Probablement voir le fameux balcon de Juliette dont la direction est indiquée partout dans la ville. Allons voir cette vaste blague ! Et oui ! Ils sont tous là : japonais, espagnols, français, américain… tous se pressent dans la cour de ce petit hotel particulier du XIIeme siècle. Les femmes font la queue pour apparaître au balcon et se faire immortaliser par leur mari-fiancé-conjoint-amoureux-amant, leur Roméo quoi ! L’homme qui décida au XIXeme siècle de faire de ce lieu, sous prétexte que la famille qui l’avait fait construire s’appelait Dal Capello, la maison des Capulet a bien brouillé les pistes; et ajouter à la façade un balcon sous lequel Roméo aurait pu causer à sa dulcinée comme dans la pièce de Shakespeare était une idée de génie ! Aujourd’hui le monde entier accoure pour voir ce lieu qui serait sans cela probablement resté loin de tout circuit touristique…
En suivant d’autres panneaux j’arrive bientôt à San Fermo Maggiore. Cette église à la façade rayée de brun renferme plusieures merveilles : une voute en bois et une Annonciation de Pisanello mais surtout une seconde église, « inférieure », datant du XIème sicèle, un petit chef-d’oeuvre archéologique.
À la recherche du Castelvecchio. Le soleil commence à descendre et les touristes à quitter la ville. Le coucher de soleil sur le ponte Scaligero donne aux remparts un belle couleur caramel. Entre les remparts crenellés un marché comparable à ceux de Noël.
Plus de soleil, plus de chaleur. L’arène s’illumine de rose avec la nuit. Je prends un verre dans une petite enotecha, il y a plus de monde dehors que l’intérieur ne pourrait en contenir; des couples et des groupes de jeunes trentenaires : le Vérone BoBo est là ! Je fais un peu « tache » avec mon appareil photo et mon gros blouson en laine… Je termine ma bière et file diner chez Peperino, une pizzeria repérée un peu plus tôt à quelques pas de là. L’endroit semble très prisé : on fait la queue pour diner à l’intérieur, mais il reste des places en terrasse. Manger me réchauffera… Je sors nourri mais gelé. J’espère une ambiance chaleureuse dans un bar gay non loin mais seuls deux pelés et trois tondus sont de sorti (et pourtant c’est vendredi ! Peut-être que les véronais sortent plus tard…). Je rentre un peu déçu et surtout frigorifié me mettre au lit dans ma petite pension.
Le lendemain je reprends la route direction Milan Malpenza, les vacances s’achèvent. Je fais halte pour déjeuner à Brescia dont je ne verrai pas grand chose mis à part la Piazza Paolo VI où siège le Duomo et la Piazza Vittoria où s’illustre massivement l’urbanisme des années 30. Il y a probablement d’autres choses à voir dans cette ville qui semble grande et vivante mais mon avion ne m’attendra pas…
Se nourrir en Italie
Juste une parenthèse sur la nourriture en Italie : on y mange très bien pour vraiment pas cher. Le restaurant gastronomique la Cucina de Nonna Nina à Camogli ne m’aura coûté qu’une trentaine d’euros et c’est ce que j’ai payé de plus cher; j’ai déboursé en moyenne 13€ pour une boisson, un plat, un café et le couvert. Un peu plus en ajoutant une entrée.
La composition des menus est par moment un peu compliqué pour un français : nous avons l’entrée, le plat et le dessert. Point. En Italie ils ont les antipasti, qui correspondent à nos entrées, les secondi piati, l’équivalent de nos plats, servis suivant les restaurants avec ou sans accompagnements (contorni), mais ils proposent aussi des primi piati, entre l’entrée et le plat, qui sont généralement des pâtes… Mis à part le fait que les différences entre les primi et secondi piati reste parfois un mystère sur la quantité servie, vous pouvez choisir l’un ou l’autre en étant assuré de ne pas mourir de faim.