Au programme du jour : un tour dans Gènes puis, après déjeuner, direction Camogli, à 25km au sud. Je ne devrais pas avoir trop de route à faire.
Une fois mon petit déjeuner englouti – servi dans une tourelle de l’immeuble avec vue sur la rue Gropallo ce qui me permet de surveiller l’arrivée du soleil – je pars arpenter Gènes, muni cette fois de ma carte commentée et de mon cartoville. J’évite le parcours effectué la veille au soir et décide de prendre de la hauteur. Sur la piazza del Portello un ascenseur me fait de l’oeil et je m’envole pour la spaniata di Castelletto. Contrôle des billets : le mien n’est pas poinçonné… oups. Heureusement on me repère vite comme touriste et je m’en sors juste avec une réprimande. De là une vue bien dégagée sur Gênes et sur le port. Je redescends à pied par des ruelles rappelant les traboules de Lyon, mais les maisons cèdent vite la place à de magnifiques palais. Via Garibaldi des groupes de touristes écoutent leur guide devant les façades baroques. Sur les marches de la Basilique Santissima Anunziata del Vastato les étudiant de l’université voisine discutent et mangent comme s’ils étaient dans un parc. Je ne suis plus très loin du port maintenant, je vais voir ce qu’il reste d’ »antico »… pas grand chose, c’est bien ce qui m’avait semblé vu de mon promontoire. Je n’irai pas voir l’aquarium, je me contente de regarder les poissons nager aux abords d’un galion à la prou ornée d’un Neptune franchement kitch.
En remontant vers le Domo je passe Piazza Bianchi : petite place rectangulaire avec de belles façades, un kiosque et une minuscule église surélevée coincée entre deux ruelles. A l’intérieur, alors que je me marre intérieurement devant un Saint Roch qui relève sa jupe pour dévoiler ses cuisses dans une extase on ne plus virile, un homme que j’avais salué à l’entrée vient s’enquérir de ma venue ici. Il m’explique alors en français l’histoire de la construction de cette petite église en remerciement à la vierge d’avoir délivré Gènes de la peste au XVIeme siècle. L’abside sculptée, m’explique-t-il a servie de carte de visite à Marcello Sparzo qui décora par la suite de nombreux Palais de la ville. Elle est surnommée l’église du Christ sans main ajoute-t-il; il y a en effet à côté de l’entrée la statue d’un christ sans valeur et sans main : « Jesus n’a pas besoin de main, les fidèles sont ses mains ». C’est mignon, je ne l’avais jamais entendue celle-là !
Le Duomo semble fermé, probablement à cause de l’heure. Tant pis. Le temps se couvre et il est l’heure de déjeuner. Des lasagnes au caffé Douce Pâtisserie (sic) – en terrasse – feront l’affaire.
Un tour, rapide, du Palais Royal, un joli patio; il y a quelques expositions temporaires dont une sur Wharol mais je ne comprends pas bien si les œuvres sont exposées ici où si l’on ne peut qu’acheter les billets… D’après ma rousse « logeuse » la terrasse offre une jolie vue sur la vieille ville, mais de la seule terrasse à laquelle je peux accéder je n’ai de vue que sur le patio… Peu importe, il est temps de récupérer mes affaires à l’hôtel et de prendre la route pour Camogli.
Je donne à Monique – j’ai baptisé Monique la douce voix du GPS, j’ai bien le droit, non ? – l’adresse du BBQ Lodge, 34 via San Rocco à Camogli, et la suis les yeux fermés (pour conduire c’est pas terrible je vous l’accorde). Lorsqu’elle me susurre « vous êtes arrivé », je constate que je suis surtout au milieu de nul part : une sorte de banlieue éloignée du bord de mer, sans charme. Une fois garé, je pars chercher le 34 de la rue. Il y a bien un 28, un 32, et même un 36 mais pas de 34… par contre il y a des travaux.
- Skouzi, je cherche le 34
- Ah oui, il est là ! se marre un ouvrier en me montrant un seau de gravats dans lequel surnage une petit plaque en céramique.
Pas plus de Bed and Breakfast dans le quartier que de sardine dans mon café… pas de panique ! Il n’est pas dit que je dormirai dans ma fiat 500 par 4 degrés (c’est à peu près la température qu’il fait la nuit) !
– Allo ?
– (voix d’homme) Si pronto !
– (en anglais) j’ai une réservation chez vous mais je ne trouve rien au 34…
– … wait wait…
– (seconde voix d’homme, en anglais avec accent italo-hindou) vous devez aller vialle Molfino. San Rocco di Camogli.
Bien sûr une fois installé dans la voiture je ne suis plus sur du nom que l’on m’a donné. Je cherche alors sur internet le site du gîte : il est bien indiqué au 34 via San Rocco; de quoi devenir zinzin… je demande alors à Monique de m’emmener au BBQ et non à l’adresse sus-cité. Elle me trace un nouveau chemin. Je n’y comprends rien mais suis tout de même les nouvelles indications. Monique ne dit plus rien – sans doute vexée – et lorsque je vois un panneau Santa Margharita di Ligure (de l’autre côté du cap de Portofino) je soupçonne un loup. Cette chère Monique a oublié de me dire de tourner à l’embranchement et est en train de me faire faire le tour du cap : « vous êtes sur l’itinéraire le plus rapide, vous arriverez dans 1h15 » ! Mon cul ! Je fais demi-tour ! San Rocco di Camogli est un quartier en dehors de la ville, en montagne, concentré autour de l’église San Rocco. Quelques minutes plus tard je me gare à l’église afin de vérifier la présence d’un éventuel BBQ Lodge aux alentours. Miracle ! Un panonceau me l’indique 200 mètres plus bas ! La via San Rocco est en fait un sentier-escalier qui permet de monter à l’église depuis Camogli… de quoi rendre folles toutes les Moniques !
Je ne regrette pas mon errance, le lieu est fabuleux, une belle villa avec un grand parc, un salon de jardin moelleux dans les roses-orangés, une gigantesque et splendide table en bois pour accueillir tous les hôtes en été, un immense barbecue, des sculptures un peu partout et la vue sur la montagne. Le soleil est revenu et inonde celle-ci d’une belle lumière de couchant, mais il fait bien froid. Heureusement, ma chambre, petite mais très cosy est bien chauffée. Dommage qu’en hiver ils ne fassent pas à dîner, je serai bien resté au chaud dans ce petit coin de paradis. Le patron – qui ne parle qu’italien – me réserve une table dans le seul restaurant ouvert ce soir là, non loin de l’église : la Cucina de Nonna Nina, qualifié par un internaute comme l’une des plus grandes tables de la région… c’est chic, un peu guindé, il y a surtout des touristes allemands. Je dîne très bien, d’une soupe de pois chiches (non mixés dans un épais bouillon) et de calamars farcis, et rentre m’effondrer dans ma chambre.
San Rocco gastronomique
La Cucina de Nonna Nina
Via Franco Molfino, 126
16032 San Rocco GE, Italie
Tél. (+39) 0185 773835
Pensez à reserver
//www.nonnanina.it