Texte Anne-Laure Bichet

« En plus, cette année, le château de Bazoches est en finale de l’émission, tu sais, celle animée par Stéphane Bern… Le monument préféré des Français…! »

De qui est venue la promesse ? Je ne me souviens plus.

Mais il y a des occasions qui ne se perdent pas, des appareils photos qui trépignent dans leur étui, bref, des visites à ne pas rater ! Laissant les alanguis s’assoupir sur leur transat et les sportifs enfourcher leur vélo, Wil et moi partons, pressés de découvrir le choix des Français, le monument supplantant la Citadelle de Calvi (oui, après, j’ai fait des recherches…) et les Invalides… Ca claque ou bien ?

Une vingtaine de km nous sépare de ce qui fut la demeure familiale de Vauban.

20 km pour te rêver Bazoches, t’espérer au détour du chemin, fièrement campé sur ta colline ou caché au milieu d’une forêt. Puis tu es là.

Bazoches ???!!?? C’est toi ???

Jean (de Bazoches) a construit sa maison en 1180. (Bêtement ?) Je croyais trouver un château fort un peu déglingué, des vieilles pierres recouvertes de lierre au milieu d’un jardin un peu fouillis et charmant.

Ben non.

C’est carré, entretenu avec soin par les propriétaires, descendants de Vauban, dont le buste trône dans la Grande Galerie. Le maréchal y emménage en 1675 et en modifie l’architecture (voilà, c’est pour ça !). Il en fait une garnison militaire et y réalise de nombreux plans de places fortes dont certains sont exposés.

Bazoches, nous te faisons nos plus plates excuses. Tu ne nous as pas bouleversé. Ca a failli, tu me diras, ça s’est joué à un poil. Quand Wil a compris que le château accueillait 3 bibliothèques regroupant plus de 5000 ouvrages, j’ai bien cru qu’on y était. Mais… Nous n’avons pas voté pour toi. Nous ne t’avons sûrement pas consacré le temps que tu mérites (même si on a pris des photos quand même, on n’est pas des ingrats!), mais sur la route qui nous a mené jusqu’à toi, nous avons traversé de si jolis villages, entraperçu de si jolies églises…, qu’il nous tardait d’y retourner.

Parce que… Nous sommes faits, avant tout, pour les chemins de traverse, pour aller le nez au vent…, pour laisser le soleil nous faire de l’ombre, pour nous émerveiller de la blondeur des champs de blé et de la taille des meules de foin, pour regarder les vaches qui regardent passer les hommes… et chassent, sans jamais se lasser, les mouches avec leur queue.

C’est pour ça que, lorsqu’on a vu un panneau sur la route nous indiquant un lieu qui abritait 3 ponts, on a été comme des dingues !!!

…

?

Je pourrais m’arrêter là.

Et vous laisser sur cette route qui vous mènera aux 3 ponts.

Oui, nous allons faire ça.

Wilfried et moi allons nous installer à l’Auberge des 2 Ponts (ah bon?), juste à l’entrée de Pierre-Perthuis, et déguster une blonde de Vézelay en terrasse.

Nous allons vous regarder prendre, sur la droite, le sentier qui va au ruisseau de Bazoches et descend sous les arbres jusqu’au tout petit pont du Véarnais, que vous passerez…, en vous demandant si vous n’auriez pas mieux fait de rester avec nous… au frais.

Mais vous continuerez, et vous ferez bien, car, plus loin, vous trouverez la fraicheur. La Cure chatouillera vos orteils et vous embrasserez, en un seul regard, le pont de Ternos et le Grand Pont.

Pendant ce temps, nous aurons terminé nos verres et repris le voyage, direction Saint Père.

A l’aller, nous nous étions promis de nous y arrêter, attirés par la beauté de l’église Notre-Dame et son impressionnant clocher.

Quand nous arrivons à Saint Père, le marché est terminé. Toute à l’heure, le village grouillait de monde, mais maintenant tout est calme. La lumière est douce et je m’assois quelques minutes sous le narthex (c’est mieux que « porche », non ?) pendant que Wil tourne autour de la belle dame, qu’on dirait parée de dentelles tant elle est délicatement ouvragée.

Un chat traverse la route et s’installe sur les pierres encore chaude d’un escalier.

La soirée commence.

Il nous faut rentrer retrouver les alanguis, les sportifs et le poulet mariné à embrocher. Ce soir, c’est BBQ !