Texte Anne-Laure Bichet
Bourvil et Louis de Funès (La Grande Vadrouille), Jacques Brel (Mon Oncle Benjamin), Romain Duris (Molière), Philippe Torreton (La Reine et le Cardinal), Annie Duperey et Bernard Le Coq (Une Famille Formidable).
Aurélie, Wilfried et moi… : prêts pour « La balade du Castor et des Sirènes » ?
Après avoir passé le Serein, on entre dans Noyers par La Porte Peinte. Une porte fortifiée qui va nous emmener au Moyen-âge.
Bon, là, je suis obligée de faire une pause. C’est plus fort que moi, faut que je balance la vérité : Stéphane Bern est encore sur le coup. Je ne fais pas exprès. Je n’ai rien à dire sur Stéphane Bern. Mais, en 2014, Noyers a été classé le 7è Village Préféré des Français, parmi 21 autres villages.
Je reprends. On entre dans le Moyen-âge. C’est joli comme dans un film de capes et d’épées. Les angles des maisons à colombages sont sculptés, et des visages de bois vous racontent leur histoire ou vous suivent du regard en vous faisant des grimaces.
Nous prenons par la rue de la Petite Etape aux vins qui nous a fait de l’œil. Sur les murs, la vigne court, nous rappelant que Noyers est viticole.
Soudain, la pharmacie. Qui n’a que peu d’intérêt. Mais qui est juste à côté du 59, Place du Grenier à sel, où vécut le Bourguignon Charles-Louis Pothier, auteur des « Roses blanches » et de « Félicie aussi ».
Le chant des sirènes et du castor retentit. Le maire, qui passait par là, est émerveillé et nous invite à participer au Festival Vallée et Veillée, qui a lieu chaque premier samedi d’août.
Mais je m’égare. Poursuivons la route !
Evidemment, il y a un château à Noyers et évidemment, nous voulons le trouver.
D’autant plus qu’au XVIe siècle, s’y est installé Duprat, brigand et baron de Vitteaux, que nous soupçonnons être un très lointain ancêtre de l’une des 2 sirènes !
Nous voilà donc, traversant la ville, alertes et confiants. Jusqu’aux remparts. Mais de château…, que nenni… Ni derrière cette porte, ni derrière ces murs…
Nous savons qu’il ne reste que des ruines de la formidable forteresse qu’a fait démolir Henri IV après le départ du baron de Vitteaux. Ruines qui sont sensées se trouver en haut d’un éperon rocheux… Nous ne sommes pas assez haut!
Alertes et confiants bis, nous continuons notre chemin jusqu’à trouver l’escalier de la Trine.
Ah ouai, ok.
C’est là alors ?
On boit un coup,… après…?
Une marche, deux marches, trois marches,… cent marches, … cent-cinquante marches, j’en peux plus…, deux-cent marches, y a trois directions possibles, on prend laquelle ?… Deux-cent quatre-vingt marches, c’est ça les ruines, mais y a plus rien… C’est pas possible, doit y avoir un autre endroit, il était où le panneau avec les 3 directions ? Si on redescend ça sert à rien… Non, vous voyez, y a pas un autre endroit… Continue, peut-être qu’on a loupé… Y a un autre panneau ! C’est le panorama, on y va ? Trois-cent, non, deux-cent quat…, je sais plus, venez, c’est là je crois ! Oh merde…, c’est beau.
…
Y fait soif, non ?
Le castor ne rêve que de bière. Les sirènes, elle, comme souvent, sont indécises. Elles boiraient bien un jus. Mais quelque chose de léger, pas trop sucré, tu sais, comme aux Pipalottes, Rue de Rochechouart, un truc bio genre myrtilles ou cerises… oh oui… après la montée qu’on s’est tapé, on l’a bien mérité !
Dans une petite rue parallèle, nous nous asseyons dans un endroit calme et charmant : seulement 2 tables en fer forgé, quelques chaises, des petits bouquets de fleurs fraîches et sur la carte, ça démarre bien, du Mariage frères.
… Mais pas de bières…
Normal, … pour un salon de thé.
Pauvre castor ! Lui aussi a droit à sa pause-bonheur ! D’autant plus qu’il y a un café à quelques mètres de là et des places libres. Nous nous installons pendant qu’arrive le patron. Wil commande une pression et nous demandons au monsieur s’il a des jus de fruits ?
Le monsieur : « Oui, vous voulez quoi ? » (regard impatient)
Nous : « Vous avez quoi ? » (d’ores et déjà, nous savons que les jus de nos rêves ne seront pas au RV, mais nous nous refusons à toute conclusion hâtive).
Le monsieur regarde derrière lui. Nous le soupçonnons d’avoir levé les yeux au ciel, mais à ce stade, nous ne sommes pas tout à fait sûres.
Le monsieur : « Pomme ou raisin » (regard d’abnégation)
Aurélie, confiante : « Dans ce cas, plutôt un Schweppes ?»
Le monsieur : « Non, on ne fait pas.» (regard de fin du monde)
A ce stade, je tiens à rappeler au lecteur que nous avons escaladé l’éperon rocheux et que nous avons exactement 5 326 marches dans les pattes. Pour autant, nous avons le sourire aux lèvres, nos yeux sont plein de sympathie et nos voix portent en elles le plaisir d’être là.
Le monsieur, lui, a le regard dans le vague.
Nous, hésitantes : « Ah. 2 Perriers s’il vous plaît.»
La requête d’Aurélie : « Je peux avoir une tranche de citron…, dedans ? » reste suspendue dans les airs et flotte dans le sillage du cafetier qui se retire, digne, pour aller passer commande auprès de sa femme qui œuvre au bar.
Nous le suivons du regard et Wil passe en voix off : « Hé, Simone, tu sais pas quoi, y a encore des Parisiens qui m’ont demandé un Schweppes ! » (Regard entendu).
1 bière, 2 eaux pétillantes et 50 fou-rires en cascade plus tard, nous prenons la direction de la Gare de Sermizelles où nous allons chercher Sylvain qui nous rejoint pour le week-end.
Simone,… You made our day !