Je vous ai déjà parlé de mamie. Mamie Cécile. Elle a élevé seule, comme elle pouvait, ses deux mouflets : Jean-Pierre et papa, dans un minuscule deux pièces, sans salle d’eau, les toilettes sur le palier, rue de la Bastille, au-dessus de Bofinger. Cet appartement, elle y vivait encore au début des années 1980 et je l’ai bien connu. J’y passait des week-ends à jouer avec mes animaux en plastique sur le tapis rapporté de Korba, l’année où mes parents y officiaient au Club Méditerranée. Je dormais dans un fauteuil convertible qu’elle recouvrait d’un dessus-de-lit en chenille kaki.
En 1982 mamie se met à entendre sauter des puces sur son oreiller, voir des rats gros comme le bras faire la chouille dans sa salle à manger. Nous la déménageons à Montreuil, en bordure de Vincennes où nous demeurons, dans un véritable deux pièces-cuisine-salle de bain. Au bout de quarante ans elle quitte son taudis dont les propriétaires ne sont autres que les Bofinger.
En 2016 Jean-Pierre fait fortuitement la connaissance du patron du fameux restaurant et lui narre son enfance. L’appartement existe toujours. L’immeuble est vide, ne répondant à aucune norme.
⁃ Ça vous plairait de le revoir ?
⁃ Je veux mon n’veu !
En l’occurrence le neveu c’est moi et je suis invité avec mon père et mon oncle à me rendre, le 5 avril 2016, rue de la Bastille pour l’improbable visite de l’appartement où mamie a vécu jusqu’à l’âge de 65 ans, où nous avons tous les trois des souvenirs, et qui n’a pas été occupé depuis son départ.
Sur la photo du jour on voit papa dans ce qui était leur chambre d’enfants, puis après leur départ, à l’un et à l’autre, celle de mamie. L’autre pièce que l’on pourrait qualifier de salle à manger est à peine plus grande. Bienvenue chez Zola. Il existe également une photo où il pose à la fenêtre de la chambre que j’ai utilisée sur le livret de l’album Jours de Blues (visible également sur mon Instagram).