Challenge 50 ans / J – 33
Nana
Villemomble 1989
La famille s’agrandit. Après Marie-Laure, nous accueillons Nana.
Nana n’a rien à voir avec l’héroïne de Zola, c’est un chien ou pour être précis une chienne. Batarde de briard, dernière de la portée, elle est un peu frappée… Mais on l’aime bien notre Nana. Si nous lui avons choisi ce joli patronyme ce n’est pas tant en référence à la chienne de Gainsbourg que parce qu’elle avait, autour des yeux, de grands cercles noirs, comparables aux binocles du Trésor National Grec.
Avant Nana il y a eu Sophie, également issue d’un croisement de rue. Elle avait le poil aussi noir et court que sa mère l’avait blanc et long… Sophie était fugueuse. Un entrebâillement de la porte d’entrée et, tel un saumon remontant les eaux-vives, elle nous filait entre les mains découvrir le monde. Je passais des heures, au bord des larmes, à faire le tour du quartier, la laisse à la main. Elle finissait toujours par réapparaître. Jusqu’au jour du déménagement pour Villemomble. Une ultime fugue en terre inconnue ; elle n’a jamais retrouvé le chemin de la nouvelle maison…
Sophie avait laissé une place vide. Nana s’est chargée de l’occuper. Malheureusement Nana aboie. Beaucoup. Tout le temps. Nous avons tout essayé : le dressage, les brimades, et même un collier spécial qui lui envoie une petit giclée de flotte sur le museau à chaque fois qu’elle ouvre la gueule pour émettre un son… Rien n’y fait. Nana aboie. Un aimable voisin trouvera une solution beaucoup plus radicale : l’empoisonnement. C’est extrêmement rapide et parfaitement efficace.
Depuis j’ai adopté Edmond, un poisson en tissu jaune moutarde qui s’accorde parfaitement avec le velours vert de mon canapé.