Durant l’été 1978, nous quittons le 12e pour Vincennes, à la limite de Fontenay-sous-Bois, dans le quartier des Rigolo (un emplacement parfait pour les Corbier diront les copains).
J’entre à l’école primaire. Je ne connais personne. Dans ma classe il y a Julie. Nos noms se suivent ce qui nous vaut d’être assis côte à côte. Nous habitons presque le même pâté de maison, alors nous faisons le trajet ensemble. Julie est aussi casse-cou et sportive que je suis timoré et gauche. Nous nous complétons à merveille. Son joli minois encadré de cheveux blonds a déjà servi à faire la promotion de fromage pour gastronomes en culottes courtes ou d’oreiller en plumes. Quelle chance ! Je rêve comme elle d’être sous les projecteurs. Dans ma chambre j’invente des spectacles, des chorégraphies, je me déguise, je suis comédien, danseur.
– Julie prend des cours de théâtre et de marionnettes à la MJC de Vincennes, je suis sûr que ça plairait à Willy.
Un peu que ça me plaît ! Roger est aux manettes de la Compagnie des Trois Petits Tours. Il nous apprend à nous déplacer sur scène, à faire vivre nos émotions, à entrer dans la peau d’un personnage, à placer notre voix… Nous jouons des farces moyenâgeuses, du Queneau, des poèmes de Léopold Sedar Senghor, une pièce irlandaise dans laquelle suite à un quiproquo tout un village me prend pour un assassin. Une année nous faisons même une grande tournée internationale dans la Nièvre ! Le star-system me guette !..
Sur cette photo – l’incontournable photo de classe – prise lors de notre année en CM2 Julie est à côté de moi bien sûr, je vous laisse trouver où.
L’année suivante j’entrerai en sixième. Les années collège me sépareront de Julie. Je rendrai de temps en temps visite à Roger malheureusement je suis devenu trop grand pour agiter les marionnettes papillons sur le Vol du Bourdon. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot : bientôt je l’aurai mon Molière !