Challenge 50 ans / J – 41
Olivier
Puerto Maria 1981
Olivier c’est mon frérot, mon poteau ; une sorte de cousin, qui n’en est pas un… On a grandi en parallèle, avec deux ans d’écart, passé toutes nos vacances ensemble, parfois aussi les week-ends. Nous étions aussi dissemblables qu’il est possible de l’être et pourtant inséparables. Nous avons appris à skier, pratiqué le tir à l’arc, le tennis, la voile, visité le Bourget, la Géode, le théâtre antique d’Éphèse, dormi sur l’Etna, tenté des expériences scientifiques telles que la dissection d’anémones de mer avec des couverts en plastique, le lancer de pain au chocolat dans les pales d’un ventilateur, repeint les champignons du jardin et la carapace de sa tortue, vu le Choc des Titans et Bandit Bandit un nombre incalculable de fois, écouté en boucle Pit et Rik, Les Charlots et Chloé de Mylène Farmer, dévoré les Yoko Tsuno et les Stephen King…
En 1981 j’ai neuf ans, Olivier sept. Nous sommes en vacances dans le sud de l’Espagne, à quelques encablures de Cadix. Michel, son père, vient de faire l’acquisition d’un reflex et improvise, le temps d’un après-midi, de petites saynètes drolatiques dont nous sommes les héros. Nous prenons la pose dans des paniers d’osier, Olivier dans une brouette que je tente de soulever, ou encore dans les branches d’un laurier au travers desquelles nous découvrons un trésor. Cette dernière était tellement réussie qu’elle fut tirée en grand format et accrochée sur le crépi du salon pendant des décennies. Depuis ce jour ces avatars de nous-mêmes n’ont cessé de nous regarder grandir et s’étonner de nos métamorphoses.