Un ferry part chaque jour à 9h45 de Railey West pour Phi Phi pier; nous mettons le réveil pour profiter un dernière fois du café sur la terrasse de notre bungalow sur pilotis face à la mer, du copieux petit déjeuner de l’hôtel, et ne pas avoir à courir avec nos valises pour rejoindre l’ouest.
Nous sommes sur la plage de Railey West, avec un bonne demi-heure d’avance. Nous échangeons notre voucher contre un autocollant orange où il est écrit Phi Phi. Et attendons d’embarquer.
La plage est très belle, les touristes ne sont pas encore de sortie, pas de musique tonitruante. Un chat vient déféquer a quelques centimètres de nous et nous ricanons en pensant au petit veinard qui viendra poser sa serviette ici, à l’ombre, d’ici quelques heures, et enfoncer ses doigts dans le sable chaud en rêvant de cocktails et de massages.
Agitation : ils faut monter dans les long-tails qui mènent au ferry amarré dans la baie. Nous avons eu la bonne idée en attendant le départ de troquer basquets contre tong. Les pieds dans l’eau, ça joue des coudes, chacun veut sa place!
Les bateaux partent ensuite à l’assaut du ferry, font la course et se pressent pour accoster en premier. Ils ont l’air de s’amuser follement, nous moins… Nous trouvons une coursive a l’air libre où nous pourrons passer le trajet et regarder s’éloigner la magnifique baie d’Ao Nang.
La traversée d’une heure trente nous aura coûté 400bath. (Combien peut bien coûter une traversée Toulon / Porquerolles ?). Nous trouvons une place sur une coursive à l’ombre. Profitons du paysage.
A l’arrivée c’est à nouveau la cohue. Nous ne sommes plus à Railey, mais sur l’une des îles les plus courues de la mer d’Andaman, ça se sent… Nos valises sont jetées comme des sacs de riz, plus de sourire, nous payons un droit d’entrée de 20bath : passer 2 nuits sur l’île où s’est tournée La Plage à un prix! Au milieu de la foule nous repérons une pancarte Rantee Cliff Beach, où nous devons passer les deux nuits suivantes. Super! nous n’avions pas réservé de transfert. C’est la bonne surprise du jour.
Let your luggages here. Go shopping. Back at one.
Pas de shopping mais un déjeuner sera le bienvenu. L’entrée de la ville, grouillante, nous rebute un peu, nous longeons le bord de mer. Un restaurant de resort, quasi désert fera l’affaire. L’accueil n’est pas des plus souriant. Tant pis.
À notre retour sur le quai le petit gars de l’hôtel est toujours là. Nous suivons sur son conseil deux adolescents et lui laissons nos valises… deux autres couples de touristes se sont joints à nous et nous traversons la ville de Koh Phi Phi au pas de course, sans savoir où nous nous rendons. Restaurants, bars, salons de tatouage, de massage, guest house, tout s’entasse dans des ruelles étroites, les bars crachent déjà une musique tonitruante. Beurk, tout ça ne fait pas rêver et nous sommes bien content d’avoir choisi un hôtel un peu l’écart du centre qui doit se transformer dès la tombée de la nuit en un immense bordel, assourdissant pour jeunes fêtards à la recherche d’une bonne cuite sous les tropiques…
Un escalier. Les gamins foncent et nous les suivons de plus en plus difficilement. Une jeune fille de notre groupe peine de plus en plus à monter. Nous faisons plusieurs haltes pour qu’elle reprenne son souffle. Nous lions connaissance avec un couple de Portugais. Eux non plus ne comprennent pas pourquoi nous montons autant… Encore des marches. Cette séance de sport par 40 degrés n’était pas prévue au programme et nous commençons à nous demander si nous fait le bon choix d’hôtel.
Nous arrivons au point le plus haut de l’île. Jolie vue sur le paysage. Déjà beaucoup de bâtiments et encore beaucoup d’autres en construction ne laissent rien présager de bon pour Phi Phi : le tourisme fait déjà des ravages…
Ce n’est tout de même pas pour nous faire admirer la vue qu’on nous a conduit jusque là ? Non! en fait la « balade » n’est pas finie. Nous marchons maintenant à travers la jungle! Le terrain est glissant, il faut éviter les branches, les racines: un vrai parcours du combattant en tong! Et nous qui rêvions de plage idyllique, de coquillages, et de baignades.
Voilà une bonne heure que nous sommes partis du port. La mer apparaît à travers les branches mais nous sommes fatigués, transpirants et surtout fumasse. Sortis de la jungle nous passons des cabanes en bambou où semblent vivre des thaïs. Le décor est sordide. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Une arnaque ? Une erreur ?…
Enfin, un restaurant en béton qui surplombe une jolie plage où le soleil fait défaut. Un transsexuel (katoï, est le terme thaï comme nous l’apprendrons plus tard) arborant un énorme appareil dentaire nous reçoit avec des verres d’eau et nous souhaite la bienvenue. Jean-Claude dégaine le premier :
c’est inacceptable ! Une heure de marche à travers la jungle sans aucune explication ! Où sont les bagages ?! »
Vos bagages sont toujours au port, vous n’avez pas pu venir en bateau car la mer était mauvaise à cause du vent… Vous pouvez repartir si ça ne vous plait pas, vous ne serez pas facturés.
Repartir signifie une autre heure de marche à travers la jungle, trouver un nouvel hôtel pour la nuit. Réflexion, hésitation, décision : le courage nous manque, nous dormirons là ce soir mais nous partirons dès que possible le lendemain pour rejoindre Koh Panghan plus tôt que prévu.
Qui dit pas de valise, dit pas de maillot de bain, donc pas de baignade. Nous sommes bloqués dans une crique sans pouvoir rien faire. La plage est jolie et notre bungalow en bambou charmant, mais il fait gris, nous sommes désœuvrés et un peu ronchons. Nos valises finiront par arriver deux heures plus tard par porteur (through the jungle)!
Quand vient l’heure de diner nous partons explorer les gargotes qui bordent la plage: l’une est fermée, l’autre, déserte, ressemble à une salle d’attente de gare routière, la troisième n’est qu’un bar rasta avec musique beuglante. Peut-être aurons nous plus de chance au resort à l’autre bout de la plage, après notre bungalow. Pas un chat; un peu de musique nous guide; montons quelques marches. Trois tables et les bancs qui vont avec, le tout, en pierre ou en ciment, est blanchi à la chaux, comme en Grèce. Quatre personnes discutent.
est-il possible de diner ?
Non, ce n’est pas un restaurant, ils n’ont rien pour faire à diner. En fait ce n’est pas un hôtel mais plutôt une sorte de pension de famille.
Celui qui nous répond comprend que nous sommes français, il l’est aussi. À tout hasard, pourrait-il nous conseiller un lieu pour diner ? Et là c’est parti pour 20 minutes de monologue; nous apprenons pêle-mêle qu’il est allé diner dans notre hôtel hier « c’était dégueulasse et horriblement cher (600bath), et « de toutes façons la patronne a l’air vraiment fourbe et prête à tout pour gagner du fric », qu’il est déjà venu il y a 17 ans et qu’il est revenu loger ici dans la première famille a s’être installée sur l’île (sic), que dans l’après-midi il a fait de l’apnée pour se dé-stresser « parce que la tu comprends je suis quasiment en burn out mental et physique », qu’on peut aller diner chez le rasta qui vit dans la forêt… Nous attendons qu’il reprenne son souffle pour le remercier et nous éclipser. Nous dînerons donc à l’hôtel puisqu’il n’y a rien d’autre… c’est beaucoup moins mauvais et pas aussi cher que certains le prétendait. Cette nuit là je dormirai assez mal: à marée haute les vagues viennent frapper avec violence les roches a deux ou trois mètres seulement de la cabane…
Dormir à Koh Phi Phi
Bien sur pour nous l’experience n’a pas été des plus fabuleuse mais le lieu est tout de même magnifique, on ne peut pas le nier : de petits bungalow en bambou disséminés dans la nature sur une plage qui n’appartient qu’à vous c’est pas tout les jours qu’on peut voir ça… Il faut juste que la mer vous permette d’accéder sereinement à ce bout de l’île !
Infos pratiques
32/1 Moo 7, Ao Nang, Muang, Krabi Phi Phi Island 81000
Tél. +66 87 474 7770
//ranteecliffbeach.com