Roscoff est un joli petit port sur la côte nord de la Bretagne; terriblement typique avec ses maisons en granit gris-beige et ses toits d’ardoise; une belle église à l’étrange clocher et de gros chalutiers colorés. Jean-Claude connait bien Roscoff et décide de m’y emmener pour observer le phénomène des grandes marées – la marée du siècle ! – de cette fin mars. On annonce le plus fort coefficient pour la matinée du samedi et partons donc la vieille pour être sur place au moment de la marée basse la plus impressionnante. Nous logeons Chez Janie, un petit hôtel fort sympathique, en plein centre, juste devant la rade. De notre fenêtre nous pouvons voir la mer se retirer…
A notre réveil les bateaux reposent déjà dans la vase. Un petit-déjeuner et nous chaussons nos bottes en caoutchouc. Les chalutiers semblent suspendus dans le vide. Nous ne sommes pas les seuls à arpenter ce paysage que, seuls, les animaux marins fréquentent habituellement : les pêcheurs à pied, les ramasseurs d’étrilles, dans leurs cirés aux couleurs vives émaillent le tapis d’algues brunes de taches rouges, jaunes ou bleu.
Plus loin un champs de « fleurs marines » : sur de longues tiges sombres des feuilles jaunes qu’on imaginent en temps normal onduler au grès des courants. Nous les surnommons « fleurs de latex » tant leur aspect rappelle celui  du plastique.
A quelques mètres, ils sont nombreux à vouloir rejoindre l’ile de Batz à pieds presque secs, nous ne nous y risquons pas.
La mer est de nouveau pleine en fin d’après-midi; il y a beaucoup plus de curieux pour voir la marée montante, ils ont pour la plus part confondu « marée » et « tempête »… Ce n’est pas parce que la mer se retire plus loin que d’habitude qu’elle sera déchainée en remontant. S’ils sont déçu, pas nous. Nous avons pris un grand bol d’air et vu les fonds marins autrement…