Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
17 janvier 2015
Les Cotswolds

Ce matin le ciel est bien bleu, complètement dégagé, le soleil bien présent et l’air bien frais. 

La première étape du jour sera la Broadway Tower. Alors que nous cherchons notre chemin, nous coupons la route a un cycliste – la conduite à gauche comporte tout de même quelques pièges lorsqu’on ne sait pas où l’on va – en poursuivant sa piste, il nous décroche un grand sourire : « mais qu’est-ce que je vous ai fait ? » Ah ! l’humour anglais. 

Si les Cotswolds sont le royaume de la laine nous n’avions encore vu aucun mouton… C’est chose faite ce matin : des dizaines de prés couverts d’ovins. Avec ce beau soleil j’ai l’impression d’avoir sauté, aux côtés de Mary Popins, à pieds joints dans une carte postale ! 

Nous trouvons la tour au sommet d’une colline, petite folie inspirée des châteaux médiévaux, elle domine la plaine et comme le temps le permet nous voyons loin la campagne anglaise. Quelques touristes font comme nous le tour du monument. Il fait froid, il y a par endroits des plaques de boue gelées. Entrée payante, et un peu chère, nous restons dehors. 

Quelques photos de moutons plus tard nous reprenons la route du nord vers Chipping Campden. Notre précieux guide vert nous la décrit comme « la ville la plus raffinée de la région »; nous ne pouvions pas passer à côté ! Les maisons de calcaire blond prennent au soleil des teintes de miel. Tout est d’un calme olympien, comme engourdi par le froid et saisi par le soleil. Au centre de la ville un vieux marché couvert du XVIIème siècle qui pourrait ressembler à un lavoir. Un peu plus loin un monument cerclé de couronnes de coquelicots en papier crépon. J’ai appris depuis qu’il est le symbole des soldats anglais durant la première guerre, comme l’oeillet bleu pour les français. Sans doute y avait-il eu une commémoration peut de temps auparavant. Nous trouvons, un peu à l’écart de la ville, l’église St James, « l’une des plus nobles » des Cotswolds (Ah ! Ce guide vert !) ceinte d’un petit cimetière de guingois où les stèles moussues et centenaires paraissent sortir de la pelouse grasse comme d’étrange plantes massives. Nous sommes les seuls à visiter ce petit coin de terre; il faut dire que le froid est cinglant… Une pause dans un pub permettra de se réchauffer ! 

La voiture ronde, comme l’appelle Jean-Claude, il s’agit en fait d’une C3 pluriel, nous mène ensuite jusqu’à Bilbury, beaucoup plus au sud.

Bibury est l’endroit que nous cherchions en venant dans les Cotswolds : le long d’une rivière des maisonnettes en pierre grise, toutes semblable. Un peu plus loin un bois, un pont sur la rivière où deux japonnaises se prennent en photo avec une « tige-à-selfies », les cheminées fument sur les toits d’ardoise, le soir descend, la brume se lève, quelques lumières s’allument derrière les fenêtre à meneaux. L’Angleterre médiévale et rurale est là. C’est un rêve. La campagne anglaise comme on se plait à l’imaginer : terriblement champêtre, un peu énigmatique, un brin surannée, ou plutôt hors du temps.

Un couple d’une soixantaine d’années s’avance vers nous. En nous entendant parler français, l’homme s’approche et nous dit, avec une pointe d’accent : « je suis Charlie ». C’est terriblement émouvant. J’en ai les larmes aux yeux. Quelques semaines plus tôt avait eu lieu le massacre de Charlie Hebdo, dans lequel nombre d’amis de mon père, dont Cabu, avaient trouvés la mort. Ce jour là mon père m’avait appelé en pleurs, ne sachant pas si j’avais déjà allumé la radio, pour m’informer de la situation. Je me souviens qu’avant de raccrocher il m’avait juste dit : « c’est grave ». Oui c’était grave. Cet attentat n’avait pas seulement visé des civiles, des non-violents, probablement antimilitariste mais avait touché l’humour, la liberté d’expression. Des fous de Dieu avaient décidé qu’il n’était pas bon de rire de tout.

Nous discutons un peu de cela avec ce couple élégant et terrifié par la nouvelle. Puis de notre voyage dans les Cotswolds. La nuit tombe, il nous faut rejoindre Bath.  

Nous ne nous promènerons guère dans Bath illuminée, préférant garder la découverte pour le lendemain quand il ferait jour et espérons le beau. Le peu que j’en vois me séduit beaucoup. Aurais-je vécu une autre vie en angleterre pour tant aimé ses paysages et ses villes ?

Nous dinerons typiquement dans un endroit non moins typique, situé juste derrière notre Bed & Breakfast : le Sally Lunn’s. Les plats y sont servis comme le veux la trencher tradition, dans des pains creusés. Pour finir la soirée nous irons boire un verre au Mandalyns. Mi-bar mi-boite, cosy et lumineux, ce lieu gay réuni tout le monde : hommes, femmes, jeunes, vieux, tout le monde s’y côtoie avec le sourire… ça change des bars parisiens qui cloisonnent si bien les publics. Si Outre-Manche tous les bars sont de cet acabit nous avons des leçons à prendre de nos voisins ! 

Nous rentrons par une grande avenue bordée de demeures XVIIIeme qui laisse présager de belles choses pour les visites du lendemain.

Diner à bath

 

Sally lunn’s
4 North Parade Passage, Bath BA1 1NX, Royaume-Uni
Tél. +44 1225 461634
//www.sallylunns.co.uk


 

Carnet d’adresses

Cliquez sur la carte pour en savoir plus